[PORTRAIT] Samba Diabaré Samb : une virtuose du Xalam

Samba Diabaré Samb était certes vieux, mais il était un indéboulonnable pilier de la musique traditionnelle sénégalaise. Rappelé à Dieu ce vendredi 20 septembre 2019, il était surnommé le « Gardien du Temple » par la cinéaste Laurence Gavron. Il aurait également pu porter sans peine le titre de « Dernier des Mohicans ».

Élevé au rang de « Trésor vivant de l’humanité » par l’UNESCO, Samba Diabaré Samb a vu le jour en 1924 à Dahra Jolof. Il a très tôt appris et maîtrisé les secrets du Xalam, son instrument de prédilection. De cet ancêtre de la guitare, Samba Diabaré Samb parle comme un poète de sa muse : « Il a le pouvoir de galvaniser les contemporains en faisant revivre les beautés de notre continent. Il faut le talent mais aussi être possesseur d’un don pour maîtriser le xalam. C’est un instrument d’une complexité déroutante. ».

Le maître du Xalaam

Issu d’une famille de Gawlo Halpulaar, Samba Diabaré Samb est un griot laudateur, un généalogiste, un chroniqueur social, un historien et un poète. Un homme qui a beaucoup contribué, accompagné de son ami Amadou Ndiaye Samb, à la valorisation et à la popularisation des musiques lyrique et classique sénégalaises.

Ce, notamment grâce à l’émission sur l’histoire et le patrimoine culturel du Sénégal qu’ils co-animent, « Sénégal Demb ». Nous sommes en 1958, les deux « Xalamkat », connaissent un énorme succès. En 1962, Samba Diabaré Samb est membre fondateur de l’Ensemble lyrique traditionnel du Théâtre National Daniel Sorano de Dakar. Troupe avec laquelle il joue en 1969 le fameux titre « Saaraba ». Une magnifique ballade populaire sur « le paradis doré » dans l’imaginaire sénégalais. Un morceau joué à Paris en 2010 au sein d’un espace culturel initié à l’époque par Nago Seck et Sylvie Clerfeuille dans le 18ème arrondissement de Paris. Pour lui rendre hommage, sa petite fille Aida Samb, a repris ce titre en 2013.

Samba Diabaré Samb est également un des membres fondateurs de  l’Association Culturelle et Artistique du Sénégal (ACAS) communément appelée la CASE. Une association lancée avec ses amis comme Amadou Ndiaye Samb.

Le chanteur à la voix d’or

Ce monument de la musique sénégalaise qui a sillonné le monde avec l’ensemble lyrique traditionnel, a vu son travail être couronné à plusieurs reprises.  Chevalier de l’Ordre des Palmes Académiques (1983), Officier de l’Ordre du Mérite (1984), Commandeur de l’Ordre du Mérite (1990) et Officier de l’Ordre des Arts et Lettres (2002).L’ancien président du Sénégal le surnommait « le chanteur à la voix d’or ».

Il a également enregistré des titres qui constituent jusqu’à présent des chefs d’oeuvre dans la musique sénégalaise. On peut citer * « Birame Yacine » (2003), « Jëf sa yëf » (2000), « Taara » (1998), « Laguiya » (1997) ou encore la cassette Ngawla (1993), réalisée avec Mansour Seck et Baaba Maal qui en était le producteur.

Grand-père d’Aida Samb

Samba Diabaré Samb s’est marié à l’âge de trente-deux ans à une dame nommée Sally Ndiaye. Un mariage qui n’a pas fait long feu. Par la suite, il convole avec Aida Mboup, une proche parente de la mère de Youssou Ndour. Aida Mboup est l’homonyme de la chanteuse Aida Samb.  Suite à son rappel à Dieu, Samba Diabaré Samb épouse, Tanta Mbaye. Décédée, elle aussi, après quelques années de mariage, le maître du Xalaam prend comme femme la sœur de sa défunte épouse en 1972, Seynabou Mbaye. C’est avec cette dernière qu’il vivait dans sa demeure sise aux HLM. Samba Diabaré Samb n’a pas eu de garçons mais sa petite fille Aida Samb marche allègrement sur ses traces et essaye tant bien que mal de perpétuer son héritage.