Les travaux forcés à perpétuité requis contre imam Boubacar Dianko

Si le juge de la Chambre criminelle suit le réquisitoire du parquet, Imam Boubacar Dianko passera le reste de sa vie en prison. Ayant été l’une des premières personnes arrêtées au Sénégal pour les faits de terrorisme, il encourt les travaux forcés à perpétuité. C’est la peine requise par le parquet après un réquisitoire de feu. Incriminé pour association de malfaiteurs, attentat à la sureté de l’Etat et acte de terrorisme, il a été placé sous mandat de dépôt le 5 février 2013.

Son arrestation est partie d’un numéro de téléphone qui a été communiqué à la Division du contre-espionnage de la division de surveillance des territoires par les services secrets maliens pour ses contacts permanents avec l’émir du Mouvement pour l’unicité et du jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao) à Gao, Mouhamad Al Hariri et un agent recruteur dudit mouvement, Mohammad Ould. Ainsi, les investigations effectuées ont permis aux éléments enquêteurs d’identifier l’utilisateur de la ligne téléphonique incriminée en la personne de Boubacar Dianko. Qui, dans la nuit du 3 au 4 janvier 2013, avait quitté le Sénégal pour se rendre à l’étranger. Ce, après qu’il a reçu une somme de 200 mille francs CFA envoyée depuis le Mali. 

Une vidéo de propagande trouvée dans ses affaires

L’enquête subséquente a permis son interpellation le 8 janvier 2013 dans une localité située à Kédougou par les agents du service régional de renseignements généraux de Tambacounda en compagnie de son neveu et élève, Serigne Ahmadou Bamba Dianko. Au moment de son arrestation, l’accusé avait par devers lui un port Usb et une carte Cd dans lesquels il y avait une vidéo d’un combattant armé d’un fusil de guerre qui faisait un entraînement avec des jeunes combattants mineurs. Cette vidéo de propagande et d’enrôlement a été prise à partir de son téléphone portable.

Interrogé, il a reconnu s’être rendu au Burkina Faso pour formuler des prières à ses clients. Toutefois, son neveu relevait aux enquêteurs avoir traversé les villes de Bamako, Bobo-Dioulasso avant de rejoindre Gao dans la nuit du 10 au 11 janvier 2013. Confronté aux révélations de son neveu, Boubacar Dianko a fini par reconnaître son séjour à Gao aux côtés de l’émir Mouhamad Al Hariri qui serait son ancien maître coranique. Il soutenait que ce dernier lui avait proposé de rejoindre les rangs de leur mouvement pour faire le djihad. Ce qu’il avait refusé, selon ses dires. Il a précisé que la vidéo retrouvée sur son téléphone portable avait été filmée par Mouhamad Al Hariri, au village de Darou Salam.

Cependant, il a contesté avoir connu l’agent recruteur du MUJAO en l’occurrence Sidi Mohammed Ould avec qui il avait échangé les 8 et 13 octobre 2012. Devant la barre ce mercredi, il a nié les faits tout en reconnaissant les contacts avec l’émir Mouhamad Al Hariri.

Des contacts avec le Mujao

A l’en croire, en 2012, ce dernier l’avait invité à le rejoindre au Mali en lui promettant de le mettre en contact avec les arabes qui l’aideraient dans le financement de son école coranique (Daara). Il a expliqué que malgré ses réticences du fait de la situation qui prévaut au Mali, Ah Mouhamad Al Hariri lui avait envoyé la somme de 200.000 francs CFA. C’est ainsi qu’il a quitté le Sénégal en compagnie de son neveu car, Mouhamad Al Hariri lui avait demandé d’amener un de ses élèves pour un récital de Coran afin de prouver qu’il était un maître coranique. De même, il a reconnu avoir menti sur la destination en soutenant à ses proches qu’il se rendait en Mauritanie.

Selon lui toujours, Mouhamad Al Hariri lui avait fait une visite guidée dans les différents campements des djihadistes. Il a toutefois, fait remarquer qu’il n’est pas un djihadiste encore moins un agent recruteur du mouvement d’Ahmath. Entendu à titre de témoin, son neveu a dit que Boubacar Dianko lui avait dit qu’ils se rendaient en Mauritanie sans lui dire les motifs du voyage.

Il a expliqué qu’à leur arrivée au Burkina Faso, son oncle avait passé un coup de fil avant d’être accueilli et conduit auprès de Mouhamad Al Hariri. Il précise également n’avoir participé à aucun récital de Coran et il ignorait que son oncle l’avait amené au Mali. Il a expliqué que son oncle s’exprimait en Arabe avec Mouhamad Al Hariri et qu’il n’était pas en mesure de comprendre leur conversation. En outre, il a indiqué que son oncle lui avait montré le film des enfants qui apprenaient à tirer. « Je n’avais jamais vu de telles armes. J’avais peur », a soutenu le neveu de l’accusé.

Les avocats de la défense ont plaidé l’acquittement puisqu’ils estiment que leur client n’a posé aucun acte terroriste. L’affaire est mise en délibéré pour jugement qui sera rendu le 10 avril 2019.