Le premier sommet Russie-Afrique s’est achevé jeudi à Sotchi. Avec cet événement, Moscou veut marquer son retour sur le continent et entend pérenniser ce type de rendez-vous.
Avec nos envoyés spéciaux à Sotchi, Florence Morice et Daniel Vallot
Vladimir Poutine s’est félicité jeudi 24 octobre que le sommet de Sotchi ait « ouvert une nouvelle page » des relations entre la Russie et l’Afrique. Une chose est sûre, le président russe a réussi à mobiliser. L’intégralité des 54 pays d’Afrique étaient représentés, dont 43 d’entre eux par leur chef d’État et de gouvernement.
Pour autant, aucun contrat majeur n’a été annoncé au cours de ces deux jours. Mais le président russe se félicite d’avoir posé les bases qui devraient permettre dans le futur à son pays d’intensifier ses échanges commerciaux avec le continent.
Rencontres annuelles et triannuelles
Ces échanges sont encore faibles actuellement. Moscou veut les doubler d’ici cinq ans. Pour y arriver, le président Vladimir Poutine a annoncé la création d’un nouveau mécanisme de dialogue. Il prévoit que des sommets comme celui-ci auront désormais lieu tous les trois ans, tour à tour en Russie et dans un pays d’Afrique.
Et que chaque année, des consultations seront organisées au niveau des ministres des Affaires étrangères entre la Russie, d’une part, et trois États africains qui changeront chaque année, en fonction des rotations à la tête de l’Union africaine.
Passé anticolonial
Tout au long du sommet, Vladimir Poutine a insisté sur ce qui unit, selon lui, Moscou et le continent : un souci de défendre aujourd’hui le principe de souveraineté et un passé de lutte anticoloniale, lorsque l’URSS soutenait les pays en lutte pour leur indépendance. Une référence volontiers relayée par les dirigeants africains, à l’instar de Denis Sassou-Nguesso, président du Congo Brazzaville.
« Les peuples africains ne remercieront jamais assez le peuple russe pour l’appui déterminant qu’il a apporté aux mouvements de libération de leur continent et à sa décolonisation complète. Au moment où s’ouvre cette nouvelle page entre la Russie et l’Afrique, une espérance très forte s’empare du milliard 300 millions d’Africains qui accueillent ce nouvel élan de coopération avec optimisme et ferveur. »
Les institutions internationales dans le viseur
Le président russe a aussi insisté sur l’importante de l’Afrique pour Moscou aujourd’hui. « Les États d’Afrique ont de plus en plus d’importance politique et économique, a expliqué le dirigeant russe. Ils s’affirment en tant que piliers du monde multipolaire, et dans de nombreux dossiers nos positions sont proches et même parfois identiques. Cela favorise nos relations au sein des institutions internationales. Et nous allons donc coordonner nos actions avec les pays africains qui sont membres non permanents au sein du Conseil de sécurité de l’ONU. »
Si Vladimir Poutine évoque les Nations unies, ce n’est pas par hasard. À l’exemple de la Chine, la Russie veut nouer des alliances avec les pays africains au sein de l’organisation onusienne – pour peser davantage sur les nominations, sur les décisions et sur les votes.
De leur côté, plusieurs dirigeants africains ont posé leurs conditions, à cet éventuel rapprochement avec Moscou : que la Russie les soutienne dans leur ambition d’obtenir un poste de membre permanent du Conseil de sécurité de l’ONU.
Dans une déclaration commune, signée en conclusion de ce sommet, la Russie et l’Union africaine ont d’ailleurs dénoncé « les diktats politiques et le chantage monétaire » et appelé à une réforme du Conseil de sécurité des Nations unies pour que l’Afrique y soit mieux représentée
Rfi