Le chef de l’opposition arménienne Nikol Pachinian a été élu mardi Premier ministre par le Parlement de cette ex-république soviétique du Caucase du Sud, secouée depuis trois semaines par des protestations antigouvernementales. Opposant de longue date qui a mené la contestation après l’élection de Serge Sarkissian en 2008 et connu la prison, Nikol Pachinian est désormais au pouvoir.
A 42 ans, le député Nikol Pachinian qui est également journaliste d’investigation a habilement surfé pendant trois semaines sur la vague du mécontentement populaire sans le moindre débordement.
Cela n’a cependant pas toujours été le cas. Opposant de longue date, il a connu la prison après avoir mené la contestation contre la victoire à la présidentielle de Serge Sarkissian en 2008.
Dix personnes avaient été tuées lors de ces protestations qui s’étaient transformées en émeutes. Libéré en 2011 à la faveur d’une amnistie, il fonde son parti, le « Contrat civil » et se fait élire au Parlement où il continue à se battre contre son principal adversaire : la corruption, qui empêche son pays de sortir de la pauvreté.
Comme il l’a clamé devant les parlementaires avant le vote qui l’a désigné pour prendre la tête du gouvernement son objectif est « d’assurer une vie normale aux Arméniens et tourner une fois pour toutes la page des persécutions politiques ». Nikol Pachinian incarnait l’opposition en Arménie, le voilà désormais au pouvoir.
Nikol Pachinian a été accueilli en héros ce mardi 8 mai sur la place de la République où il a pu s’adresser à ses partisans, rapporte notre envoyé spécial à Erevan, Daniel Vallot. Dans la foule, une jeune femme se dit heureuse mais prudente. A ses yeux, la partie est encore loin d’être gagnée. « C’est bien sûr la fin d’un long combat mais il y encore d’autres pas à franchir. La prochaine étape est la réforme de la loi électorale et l’étape finale sera l’élection d’une nouvelle Assemblée nationale, explique-t-elle. Si nous parvenons à franchir toutes ces étapes, alors on pourra dire que la révolution l’a emporté ! »
Réforme de la loi électorale, lutte contre la corruption, développement économique, voilà le programme de Nikol Pachinian. Mais le nouveau Premier ministre aura du mal à imposer ses réformes à un Parlement qui lui reste fondamentalement hostile. Un Parlement qui n’a accepté de le nommer pour une seule et unique raison : afin d’éviter des élections anticipées qui lui serait fatales