Total: bénéfices en retrait avec la baisse des cours des hydrocarbures

Total a vu ses bénéfices reculer l’an dernier, touché comme ses concurrents par la baisse des cours des hydrocarbures, et malgré une hausse importante de sa production, tandis qu’une année 2020 volatile débute avec le coronavirus en Chine.

Le géant pétrolier et gazier français a vu son bénéfice net ajusté – qui exclut des éléments exceptionnels et sert de référence – chuter de 13% en 2019 à 11,83 milliards de dollars, a-t-il indiqué dans un communiqué.

Le bénéfice net s’est pour sa part inscrit en retrait de 2% à 11,27 milliards de dollars.

Les résultats ont souffert d’un environnement dégradé, avec une baisse des cours du pétrole de 10% l’an dernier pour le Brent et même une chute de 38% pour ceux du gaz européen.

« On a eu en 2019 un environnement qui était plus faible, dégradé par rapport à 2018 », a souligné le PDG Patrick Pouyanné devant des journalistes. Mais la « performance est bien meilleure que celle de nos principaux concurrents en termes de résilience », a-t-il ajouté.

Ses concurrents comme Shell ou BP ont en effet publié ces derniers jours des résultats en forte baisse en raison de ces conditions de marché.

« Total n’est pas immunisé contre les turbulences du secteur » mais « son bilan est plus solide que celui de la plupart de ses concurrents », a salué Biraj Borkhataria, analyste chez RBC.

A la Bourse de Paris, l’action Total prenait 1,95% à 46,32 euros vers 10H00, dans un marché en hausse de 0,70%.

Les résultats s’affichent en baisse malgré une forte hausse de 9% de la production d’hydrocarbures l’an dernier, grâce au démarrage et à la montée en puissance de nouveaux projets comme celui de gaz naturel liquéfié Yamal, en Russie.

Le groupe a ainsi passé la barre symbolique des 3 millions de barils par jour produits.

Après la mise en route de projets titanesques, la croissance devrait toutefois être beaucoup plus faible ces prochaines années: pour 2020, Total anticipe une croissance de sa production de 2% à 4%.

– virus chinois –

« L’environnement pétrolier reste volatil compte tenu d’une incertitude sur la demande d’hydrocarbures liée aux perspectives sur la croissance économique mondiale et d’un contexte géopolitique instable », met aussi en garde Total.

A cela s’ajoute le nouveau coronavirus qui pèse sur la demande chinoise. « On n’est qu’au début de la compréhension des impacts », a souligné Patrick Pouyanné.

« A court terme, dans les prochains mois, on parle d’un impact de 1 million de barils par jour potentiellement » et « sur l’année, les chiffres que je vois c’est 300.000 à 400.000 barils par jour », a-t-il relevé.

Le PDG est aussi longuement revenu sur la politique environnementale du groupe, alors que le secteur est de plus en plus sous la pression de la société civile, comme de certains investisseurs, devant l’urgence climatique. « Le changement climatique, ça veut dire que les marchés énergétiques bougent, ils vont évoluer », a-t-il souligné.

Total veut ainsi survivre dans un environnent de cours bas, avec une demande de pétrole qui finira par stagner puis décliner. Le groupe s’appuie aussi sur le gaz, l’électricité notamment d’origine renouvelable et le développement de puits de carbone.

En Inde, Total a ainsi parallèlement annoncé jeudi l’extension de son partenariat avec le conglomérat Adani aux renouvelables et l’acquisition de 50% d’un portefeuille de 2 gigawatts de centrales solaires.

« On est en train de regarder d’arrêter de vendre du fioul pour faire de l’électricité », a aussi indiqué M. Pouyanné.

Le groupe explique également qu’il a fait reculer ses propres émissions de CO2 en 2019 malgré la croissance de ses opérations.

Total veut ainsi supprimer à terme le torchage de gaz de routine – le fait de brûler les gaz résiduels issus de l’exploitation d’hydrocarbures – sur ses plateformes pétrolières et limite par ailleurs les fuites de méthane, un gaz au pouvoir très réchauffant, liées à son activité.

AFP