L’ancien maire de la capitale, condamné pour cinq ans de prison dans l’affaire de la caisse d’avance de la ville de Dakar, puis gracié par le chef de l’état Macky Sall, le 29 septembre 2019, s’est emmuré dans un silence assourdissant L’ancien maire de la capitale sénégalaise, condamné pour cinq ans de prison dans l’affaire de la caisse d’avance de la ville de Dakar, puis gracié par le chef de l’état Macky Sall, le 29 septembre 2019, s’est emmuré dans un silence assourdissant. Il multiplie toutefois ses sorties publiques sans piper mot sur son avenir politique et sur la manière dont le pays est actuellement géré
«Après avoir capitalisé les expériences vécues, j’y ai puisé d’une énergie nouvelle que je continuerai à mettre au service du Sénégal.» Cette phrase tirée de la première déclaration publique de Khalifa Sall, après sa sortie de prison, laissait deviner plus de dynamisme dans l’action politique de l’homme et dans les combats citoyens engagés par les forces vives de la nation.
Mieux, cela présageait son repositionnement dans le champ politique en tant que porte-étendard de l’opposition et un acteur de premier plan dans les différentes plateformes de revendications. Mais la réalité aujourd’hui, c’est que l’ancien maire de Dakar semble avoir déserté l’espace politique. Silence stratégique ou politique de l’autruche ? En tout cas, son avenir politique reste toujours en pointillés.
En effet, la grâce présidentielle accordée par le Président Macky Sall peut être appréhendée pour l’ancien maire de Dakar comme une épée de Damoclès qui n’efface pas les peines et le prive toujours de ses droits civils et politiques. Aujourd’hui, Abdoulaye Wade et ses partisans font tout pour négocier et obtenir des garanties pour le retour de Karim Wade qui est à peu près dans la même situation que l’ancien maire de Dakar. D’ailleurs, «Wade-fils» tire de loin les ficelles pour bénéficier d’un blanc-seing afin de redevenir un acteur majeur du jeu politique sénégalais et participer aux prochaines échéances électorales.
Au même moment, Khalifa Sall ne fait rien pour obtenir une amnistie des faits dont il est accusé. Une amnistie à titre personnel pour qu’il puisse continuer à jouer son rôle au plan politique. Si le constat est que Khalifa ne pose pas d’actes majeurs dans ce sens, à en croire un de ses proches contacté par «L’As», le leader de Taxawu Sénégal ne joue pas avec sa carrière politique. Selon notre interlocuteur, l’ancien maire de Dakar a une expérience politique qui fait qu’il calcule tout. Sa posture aujourd’hui rime parfaitement avec sa démarche politique, ajoute notre interlocuteur qui a préféré garder l’anonymat. «Khalifa ne va jamais poser un acte qui peut fragiliser ses convictions ou celui de ses camarades », confie t-il.
Juste que le responsable socialiste semble perdre des ailes devant une reconfiguration politique avec la propulsion de nouveaux acteurs comme Ousmane Sonko qui ont occupé l’espace et essaye bon an mal an de dicter le jeu politique. Mais c’est parce qu’aussi, Khalifa ne parle pas et n’exprime pas clairement sa vision politique, la ligne qu’il va suivre, avec quels acteurs, partis ou coalitions. Il est clair aujourd’hui qu’il n’a pas les coudées franches et une totale liberté pour déployer ses ailes comme il l’aurait souhaité. La tournure des évènements ayant abouti à son élargissement laisse croire que Khalifa n’était pas préparé à la sortie. Du moins à pareil moment ! Et tout porte à croire, vu sa démarche, qu’il veut consolider en filigrane ses arrières. Et comme s’il évitait la moindre erreur, toutes ses sorties sont millimétrées et cadrées.
MALICK GAKOU, PAS ENCORE DANS LES DISPOSITIONS DE RECEVOIR KHALIFA
A part son allocution lors de son point de presse suivant sa libération, Khalifa multiplie ses sorties mais évite de parler en public.
Invité par Pape Alé Niang le 31 décembre pour s’exprimer et faire face à la nation au même titre que le chef de l’Etat qui tenait une conférence de presse, Khalifa a refusé cette tribune qui pouvait lui être d’une grande utilité pour préparer l’opinion et ses partisans à un nouveau départ. Il préfère sans tambour ni trompette faire le tour des familles religieuses, aller remercier ses amis, connaissances et alliés politiques.
Dans ce sens, il a eu à voir le pape du Sopi, Abdoulaye Wade, Ousmane Sonko, les membres du front de résistance nationale (FNR), entre autres hommes politiques. Selon nos sources, il a rencontré tous ses alliés à l’exception du leader de Grand parti, Malick Gakou qui n’est pas dans les dispositions de le recevoir parce que son agenda ne le lui permet pas. A l’en croire, le blocage à ce niveau vient de Malick Gakou alors que Khalifa était disposé à le rencontrer et en avait même fait la demande.
Entre temps, Khalifa est également parti en France pour régler ses affaires personnelles avant d’effectuer un petit pèlerinage en janvier dernier à La Mecque en compagnie de Moussa Tine. Il a aussi assisté à la cérémonie de dédicace du livre du journaliste Pape Alé Niang : «Scandale au cœur de la République : le dossier Coud.» L’une de ses dernières sorties date de samedi dernier lors de la cérémonie de la 8ème édition du Prix Ragné.
Le Médiateur de la République en avait d’ailleurs profité pour lui faire un vibrant hommage. Selon Alioune Badara Cissé : « Il n’y a de plaisir que lorsque le supplice a été enduré. C’est toujours le même Khalifa avec son éternel sourire qui est parmi nous ce soir. Il n’a pas changé et son sourire n’a pas changé. Sa coiffe blanche que j’avais l’habitude de voir à chaque fois que je le croisais à Tivaouane lors de ses visites chez son guid e spirituel Al Maktoum est restée la même. Que le Bon Dieu guide tes pas vers le bonheur.» Un hommage qui rejoint la nature de l’homme qui, dès sa sortie de prison, avait indiqué qu’il n’était pas revanchard envers qui que ce soit.
LE DEFI DE L’ORGANISATION DE SON APPAREIL
Cependant, il se pose la question de savoir quel est l’avenir politique de Khalifa connu pour être un ancien dauphin de Tanor. Il demeure ainsi évident, selon un de ses proches, qu’il ne sera pas candidat à une élection locale. «Il en a fini avec la ville de Dakar. Sa conviction, c’est que partout où il passe, il fait deux mandats et il s’en va», laisse-t-il entendre. La grande interrogation est : quelle organisation va le porter au niveau de Dakar et au niveau national pour rebondir et affirmer ses ambitions, c’est-à-dire diriger le Sénégal ? Il s’y ajoute que même si son appareil politique est assez fort, il manque d’organisation, de hiérarchie et de coordination. C’est comme une armée mexicaine avec des lieutenants qui se regardent en chiens de faïence. Il devrait ainsi revoir les instances de son appareil et les organiser. Et selon notre informateur, Khalifa compte maintenir et travailler avec la bannière de Taxawu Sénégal, surtout que ses ambitions dépassent désormais le local. Et pour les perspectives politiques, il est fort probable qu’il noue une alliance forte avec Sonko qui n’a pas caché son amour de partager avec lui une plateforme politique.
GORGUI CISS CROIT TOUJOURS AUX RETROUVAILLES SOCIALISTES, KHALIFA AU CŒUR
En plus, Khalifa se targue aujourd’hui d’être dans une dynamique de grand ensemble et d’être l’héritier légitime de l’idéologie social-démocrate au Sénégal. Et selon notre informateur, 50% des responsables socialistes sont aujourd’hui avec Khalifa. A l’instar du responsable de la coordination communale de Kolda du PS, Boubacar Baldé qui pense que Khalifa incarne l’avenir du PS. Il nous renseigne également que des responsables socialistes comme Gorgui Ciss travaille pour des retrouvailles socialistes et que le PS avec Khalifa Sall soit une alternative en 2024.