Quelque 600.000 personnes de deux districts de Rhénanie du Nord Westphalie, où plus de 1500 salariés d’un abattoir ont été contaminés par le coronavirus, doivent limiter leurs déplacements et leurs activités au moins jusqu’au 30 juin.
Plus d’un mois après le début du déconfinement, l’Allemagne renoue avec des mesures restrictives visant à limiter les contacts dans la population. La décision s’appliquera jusqu’au 30 juin, dans les districts voisins de Warendorf et Gütersloh, en Rhénanie du Nord Westphalie, où plus de 1500 salariés de l’abattoir Tönnies, ont été contaminés par le coronavirus, selon un dernier bilan dressé par les autorités régionales. Ce sont deux circonscriptions entières, où vivent près de 600.000 personnes, qui se retrouvent ainsi soumises à l’isolement.
En plus des crèches et des écoles fermées depuis le 17 juin avec près de 50.000 enfants concernés, les cinémas, les salles de sport, les théâtres et les salles de fitness seront soumis au même régime. Les restaurants resteront ouverts mais leur fréquentation sera réservée aux membres d’une même famille. Les barbecues, très populaires en Allemagne en période estivale, ainsi que les événements en plein air, seront interdits.
Au moment où les congés scolaires commencent vendredi dans la région, les habitants de Gütersloh sont invités à rester dans leur périmètre de vie. Cette retraite forcée a commencé à faire tache d’huile dans le land très touristique du Mecklembourg Poméranie, où des visiteurs issus de Gütersloh ont été priés par un hôtelier de faire leurs bagages. Les autorités locales ont justifié une telle démarche, conforme, selon elles aux mesures prises par ce land, proche de la mer Baltique.
Ces derniers jours, la pression politique sur le ministre président de Rhénanie Nord Westphalie, Armin Laschet, par ailleurs candidat à la succession d’Angela Merkel à la chancellerie, s’était accrue. Ces dernières semaines, le responsable de la CDU s’était montré fervent défenseur du déconfinement, dans l’intérêt de l’économie allemande.
Mais signe que l’épidémie menace de s’étendre à l’ensemble de la population, 24 cas positifs ont déjà été diagnostiqués chez des personnes ne travaillant pas dans l’abattoir. Une majorité de salariés roumains, bulgares et polonais sont employés dans l’entreprise Tönnies, dans des conditions de travail et d’hébergement qui ont été largement dénoncées. La société, qui recourt massivement à la sous-traitance, a été critiquée pour avoir refusé de rendre public le registre de son personnel, officiellement au nom de la protection des données personnelles.
«La pandémie n’a pas disparu», a répété, mardi matin, le directeur de l’institut Robert Koch, Lothar Wieler, qui recense un taux de reproduction de 2,76. En forte hausse depuis l’apparition du foyer de Gütersloh, ce chiffre signifie que 100 personnes infectées contaminent en moyenne 276 individus supplémentaires. Lothar Wieler s’est dit «optimiste» sur la capacité de l’Allemagne à prévenir une deuxième vague, à condition, précise-t-il, que les règles de distanciation sociale et d’hygiène soient respectées.