Au Soudan, l’apostasie ne sera plus passible de peine de mort et les chrétiens pourront boire, importer et vendre de l’alcool. Les autorités de transition ont annoncé l’abolition de lois « discriminatoires » en vigueur sous Omar el-Béchir dans le cadre du processus de démocratisation du pays.
C’est une véritable révolution qui s’opère au Soudan. 30 ans après l’introduction de la charia, en 1989, après le coup d’Etat d’Omar el-Béchir, les autorités viennent d’abolir la loi sur l’apostasie et d’assouplir plusieurs autres restrictions, notamment celles concernant la consommation d’alcool.
Désormais au Soudan, plus personne ne sera condamné à mort pour avoir renoncé à la religion musulmane comme cela avait été le cas avec la situation très médiatisée de la jeune Meriam Yahia Ibrahim Ishag, condamnée il y a quelques années à la pendaison pour avoir choisi la religion chrétienne. Le cas de la jeune femme alors enceinte et âgée de 28 ans, avait déclenché une mobilisation internationale et nationale, qui avait fini par faire reculer le régime islamiste d’Omar el-Béchir.
D’après Nasredeen Abdulbari, le ministre de la justice, les restrictions concernant l’alcool ont été assouplies et désormais les chrétiens du Soudan pourront boire, importer et vendre de l’alcool. D’un autre côté, des pratiques telles que la punition par flagellation n’auront plus cours selon les nouvelles réformes. De plus, les mutilations génitales féminines ont été officiellement interdites, ce qui représente une véritable victoire pour de nombreuses femmes soudanaises qui militaient en ce sens. « Nous sommes désireux de démolir toute forme de discrimination qui a été promulguée par l’ancien régime et d’avancer vers l’égalité des citoyens et une transformation démocratique » a indiqué le ministre Abdul Barin cité par Bloomberg.
Si ces nouvelles réformes judiciaires s’inscrivent dans le processus de démocratisation du pays, elles servent également l’opération de séduction des bailleurs de fonds internationaux, lancée depuis plusieurs mois par le gouvernement de transition dirigé par Abdallah Hamdok.
Pour mener à bien son plan de relance économique, celui-ci cherche à obtenir des financements rapides et conséquents de la part des institutions multilatérales de financement qui ne prêtent plus de l’argent à Khartoum depuis plusieurs années. Non seulement à cause des arriérés du pays, mais également à cause de l’inscription du Soudan sur la liste des pays finançant le terrorisme, sous le régime de l’ancien dictateur Omar el-Béchir renversé par l’armée en avril 2019.
Notons, qu’il faudra aussi observer les réactions des alliés traditionnels du Soudan, que sont les Emirats Arabes Unis et l’Arabie Saoudite, deux pays qui appliquent encore aujourd’hui une répression ferme de l’apostasie.