Le procès des attentats de janvier 2015 se poursuit devant la cour d’assises spéciale de Paris. À l’ouverture du procès, il y a trois semaines, Charlie Hebdo avait décidé de republier les caricatures de Mahomet, ce qui lui a valu d’être à nouveau la cible de menaces de la part d’al-Qaïda. Des menaces très sérieuses, selon Me Richard Malka, l’avocat du journal satirique.
Al-Qaïda a menacé le 11 septembre d’attaquer de nouveau Charlie Hebdo, qui a réédité des caricatures du prophète de l’islam Mahomet à l’occasion du procès, affirmant que le raid meurtrier de janvier 2015 contre le journal « n’était pas un incident ponctuel ».
Richard Malka, l’avocat historique de Charlie Hebdo, a appelé lundi 14 septembre à se « serrer les coudes » face aux nouvelles menaces proférées par Al-Qaïda contre le journal satirique pour avoir réédité des caricatures de Mahomet.
Selon l’avocat, les menaces brandies par al-Qaïda « sont précises, elles sont travaillées, elles reprennent la charte graphique de Charlie Hebdo ». « Elles visent des personnes, expressément, leurs photos sont diffusées, explique-t-il. Nous les prenons au sérieux. Elles sont inquiétantes. Évidemment, on a l’impression que l’histoire se répète, mais elle ne peut pas se répéter. »
« Ces menaces concernent 66 millions de Français »
« Ces menaces, vous devez aussi savoir qu’elles ne concernant pas que Charlie Hebdo. Elles concernent Charlie Hebdo, mais elles concernent aussi le président de la République, elles concernent aussi les médias, elles concernent les Français en général. Et puis ces menaces, elles visent aussi les musulmans, puisque ceux-ci sont mis en garde lorsqu’ils restent à l’arrière. Autrement dit, lorsqu’ils ne vont pas assassiner n’importe qui. Ces menaces concernent 66 millions de Français, en réalité », poursuit l’avocat.
« Mais qu’est-ce qu’on va faire ? On ne va pas arrêter de vivre parce que ces gens n’aiment pas la liberté », conclut Me Malka. Le procès des attentats de janvier 2015, qui s’est ouvert devant la cour d’assises spéciale le 2 septembre, se replonge à partir de ce lundi 14 septembre dans les trois jours de cavale des frères Kouachi après le massacre à Charlie Hebdo.
Une tribune signée par soixante intellectuels
Alors que démarre cette nouvelle semaine de procès des attentats de janvier 2015, le quotidien Le Monde, a fait paraître ce dimanche 14 septembre une tribune en soutien au journal. Une soixantaine d’intellectuels ont co-signés la tribune. Parmi eux, Jean Glavany, ancien ministre de l’Agriculture et de la Pêche et ancien député. Il explique les raisons de cette tribune.
« Cette parole est là pour défendre la liberté d’expression qui est une liberté fondamentale, pour défendre la liberté de critiquer les religions, pour défendre la liberté de caricaturer et de faire des dessins humoristiques sur tous les sujets, pour défendre l’idée selon laquelle les lois de la République s’imposent à tous et qu’il n’y a pas de lois religieuses qui puissent s’imposer aux lois de la République, que la laïcité, c’est la suprématie, les lois républicaines sont les lois religieuses. »
« Et donc, c’est pour défendre toutes ces idées que nous sommes aujourd’hui, comme depuis le début, aux côtés de Charlie et que nous sommes toujours Charlie. Alors que, évidemment, le vent de l’oubli commence à sur cet épouvantable drame que nous avons connu en 2015, mais qui avait en même temps provoqué un formidable sursaut, nous devons toujours l’avoir à l’esprit. Nous ne devons pas oublier l’esprit républicain qui a soufflé sur la France le 11 janvier 2015. Nous sommes toujours Charlie et nous ne laisserons pas les gens de Charlie seuls dans ce combat, qui est un combat majeur. »
rfi