L’émir du Koweït, cheikh Sabah Al-Ahmad Al-Sabah, décédé mardi à l’âge de 91 ans, fut un doyen de la diplomatie dans un Golfe tourmenté par plus de cinq décennies de crises et de conflits ayant impliqué son pays. Le nouvel émir est le prince héritier Nawaf Al-Ahmad Al-Jaber Al-Sabah, qui devrait poursuivre sur la voie menée par son frère défunt.
L’émir du Koweït, cheikh Sabah al-Ahmad al-Sabah est mort, mardi 29 septembre, à 91 ans, a annoncé le palais royal de ce riche pays pétrolier du Golfe. C’est le prince héritier cheikh Nawaf al-Ahmad al-Sabah qui lui succède.
« C’est avec une grande tristesse et un grand chagrin que nous pleurons (…) la mort de cheikh Sabah al-Ahmad al-Jaber al-Sabah, émir du Koweït », a déclaré cheikh Ali Jarrah al-Sabah, ministre chargé des affaires royales dans un enregistrement diffusé à la télévision.
La télévision au Koweït avait interrompu ses programmes et diffusé des versets du Coran avant l’annonce officielle.
Après son hospitalisation le 18 juillet, le chef de l’État, arrivé au pouvoir en 2006, avait transféré « temporairement » une partie de ses pouvoirs au prince héritier, cheikh Nawaf Al-Ahmad Al-Jaber Al-Sabah. Ce dernier, son demi-frère âgé de 83 ans, lui succédera. Il a été nommé mardi soir émir du Koweït, annoncé le gouvernement dans un communiqué.
Fin juillet, cheikh Sabah s’était rendu aux États-Unis pour continuer un traitement médical, selon les autorités, qui n’avaient donné aucun détail sur la nature de sa maladie.
Il n’était pas clair dans l’immédiat si l’émir était toujours aux États-Unis au moment de sa mort où s’il était revenu dans son pays.
Un état de santé dégradé
Cheikh Sabah était considéré comme l’architecte de la politique étrangère du Koweït moderne en étant à la fois un grand allié des États-Unis et de l’Arabie saoudite tout en entretenant de bonnes relations avec le rival de ces derniers, l’Iran.
Lors de l’annonce par Saddam Hussein de l’annexion du Koweït en août 1990, « il a fui en Arabie saoudite pour mettre sur pied un gouvernement en exil jusqu’à ce que les États-Unis interviennent et permettent à la dynastie Al-Sabah de revenir au Koweït en mars 1991 et de se maintenir au pouvoir », rappelle Lucile Wasserman, correspondante de France 24 à Bagdad. Décès du Cheikh Al-Sabah, « l »architecte de la politique étrangère du Koweït moderne »?
Après la mort en janvier du sultan Qabous d’Oman, c’est un autre médiateur influent qui disparaît dans une région marquée par des tensions avec l’Iran et la dispute qui a éclaté en 2017 entre le Qatar d’une part et l’Arabie saoudite et ses alliés d’autre part. « C’était une voix conciliante dans cette région très mouvementée et fracturée », ajoute Lucile Wasserman. Dans ce dossier, cheikh Sabah a adopté une posture de médiation en appelant à une désescalade dans le Golfe. « Il avait aussi accueilli au Koweït des conférences internationales pour la reconstruction de l’Irak notamment, et de la Syrie », complète la correspondante de France 24.
Un émir populaire.
Son règne a toutefois été marqué par des turbulences politiques, des manifestations et des arrestations d’opposants, mais aussi la chute des prix du pétrole, dont le pays dépend. Considéré comme un libéral, notamment sur les réformes économiques et sociales qu’il a menées et les droits des femmes, il a toutefois écarté la légalisation des partis politiques. « Même si sur le plan intérieur, on peut observer régulièrement des crises politiques, le cheikh al-Sabah bénéficiait d’une grande popularité et particulièrement à l’international », explique Lucile Wasserman.
Le prince héritier Nawaf Al-Ahmad Al-Sabah nommé nouvel émir.
Son successeur, cheikh Nawaf Al-Ahmad Al-Jaber Al-Sabah, a quant à lui occupé plusieurs postes importants au sein du gouvernement. Il était ministre de la Défense en 1990, au moment de l’invasion de l’émirat par les forces irakiennes de Saddam Hussein. Après la libération du Koweït, cheikh Nawaf a été nommé ministre des Affaires sociales et du Travail, avant de prendre la présidence de la Garde nationale en 1994.
Il est revenu au gouvernement comme ministre de l’Intérieur en 2003. La même année, il est nommé vice-Premier ministre chargé de la lutte contre le terrorisme. Il a ensuite été nommé prince héritier en 2006, après un consensus de la famille dirigeante qui l’a choisi pour occuper ce poste, en raison de sa popularité au sein de la famille.
Avec AFP et Reuters