Depuis son amnistie par le président Alassane Ouattara, Simone Gbagbo, se fait rare dans les médias. Dans un entretien exclusif accordé à France 24 depuis Abidjan, elle revient sur la présidentielle du 31 octobre en Côte d’Ivoire. Elle estime que la candidature du président sortant est anticonstitutionnelle et que son époux, l’ancien président Laurent Gbagbo, qui est actuellement en liberté conditionnelle en Belgique dans l’attente d’un procès en appel devant la CPI, « a le droit de revenir dans son pays ».
Dans un entretien exclusif accordé à France 24 depuis Abidjan, Simone Gbagbo, deuxième vice-présidente du Front Populaire Ivoirien (FPI) et épouse de l’ancien président Gbagbo, estime que la candidature à un troisième mandat du président sortant, Alassane Ouattara, est anticonstitutionnelle et qu’il doit la retirer. Elle affirme soutenir les appels à la « désobéissance civile » lancés par l’opposition, ajoutant que les conditions pour une élection transparente ne sont pas réunies.
Selon elle, une véritable alliance de l’opposition s’est formée contre cette élection, prévue le 31 octobre. « Le report de la présidentielle s’impose », assure-t-elle.
« Alassane Ouattara piétine la Constitution »
L’ancienne Première dame de Côte d’Ivoire demande également une réforme de la Commission électorale, du Conseil constitutionnel, un audit de la liste électorale et la libération des « prisonniers politiques ».
Si elle remercie le président Alassane Ouattara de l’avoir amnistiée en 2018, elle estime que ce dernier « met le pays en difficulté », menaçant la démocratie et l’État de droit dans son pays, car il « piétine la Constitution ». S’il ne voulait pas briguer un troisième mandat, son parti aurait tout à fait pu trouver un candidat de substitution, assure-t-elle sur France 24. Elle fustige par ailleurs les violences qui ont suivi l’annonce de sa candidature à un troisième mandat, qu’elle qualifie de « bain de sang ».
A la question de savoir si elle juge que le régime actuel est une « dictature », Simone Gbagbo répond : « Je ne vois pas un autre mot pour qualifier un tel régime, ça l’est ».
L’ancienne Première dame réclame, par ailleurs, le retour de Laurent Gbagbo en Côte d’Ivoire et son amnistie. L’ancien président a été condamné à vingt ans de prison dans l’affaire du braquage de la BCEAO, la Banque centrale des Etats d’Afrique de l’Ouest, une décision politique, selon la deuxième vice-présidente du Front populaire ivoirien, qui accuse le pouvoir de ne pas vouloir que Laurent Gbagbo rentre. « Il a le droit de revenir dans son pays. On doit le laisser revenir dans son pays (…) Il veut rentrer dans son pays et les Ivoiriens ici l’attendent », martèle-t-elle sur France 24.
Elle s’insurge également contre le procès qui a été fait à son époux devant la Cour pénale internationale (CPI) pour crimes contre l’humanité et espère que les juges l’acquitteront définitivement en appel. L’ancien président réside actuellement en Belgique, où il vit en liberté conditionnelle.
« J’ai un avenir politique en Côte d’Ivoire »
Revenant sur la crise post-électorale en Côte d’Ivoire et sur l’épisode de son arrestation en avril 2011, aux côtés de son époux, elle affirme que Nicolas Sarkozy, le président français d’alors, avait ordonné le bombardement du Palais présidentiel. Elle affirme, par ailleurs, avoir été victime de tentatives de viols lors de son arrestation, ajoutant que des soldats français ont filmé cet épisode. « Je les ai vus de mes yeux », dit-elle.
Quant à son avenir, Simone Gbagbo dit vouloir jeter toutes ses forces dans la bataille électorale actuelle, mais implicitement, elle n’exclut pas de se présenter un jour à la présidence.