La rencontre tant attendue entre le président américain Donald Trump et le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un s’est soldé par la signature d’un document commun, dont tous les détails n’ont pas encore été dévoilés.
Une poignée de main historique. Donald Trump et Kim Jong-un ont échangé une poignée de main historique à Singapour. Une image forte longtemps inimaginable, tant les tensions ont été vives pendant des décennies entre les deux pays. Les deux hommes se sont ensuite entretenus en tête-à-tête pendant près de 45 minutes, avant de partager un déjeuner de travail qui a duré une heure.
« C’était vraiment une rencontre fantastique », qui s’est déroulée « mieux que quiconque aurait pu imaginer », a lancé Donald Trump à l’issue de ce déjeuner avec le leader nord-coréen à Singapour. « On a tourné la page du passé », a affirmé Kim Jong-un. Les deux dirigeants ont également signé un document commun.
Que contient ce document ? Les photographies de ce document signé par le président Trump et le dirigeant nord-coréen indiquent que les deux hommes ont convenu de travailler à la « dénucléarisation complète de la péninsule coréenne ». Les mots « vérifiable » et « irréversible » n’y figurent pas. Donald Trump a pourtant assuré que le processus de dénucléarisation sera vérifié. « Ce n’est pas un retour en arrière », assure-t-il. « On vérifiera. C’est une complète dénucléarisation. La vérification sera à la fois américaine et internationale ».
Les quatre points à retenir de l’accord commun :
- « Les États-Unis et la Corée du Nord s’engagent à établir de nouvelles relations entre leurs deux pays conformément au souhait de paix et de prospérité des peuples des deux pays. ».
- Les États-Unis et la Corée du Nord « uniront leurs efforts pour mettre en place un régime de paix durable et stable dans la péninsule coréenne ».
- « Réaffirmant la Déclaration de Panmunjom du 27 avril 2018, la Corée du Nord s’engage à œuvrer pour la dénucléarisation complète de la péninsule coréenne ».
- Les Etats-Unis et la Corée du Nord « s’engagent à rapatrier les dépouilles des militaires américains » disparus au combat lors de la guerre de Corée.
Invitation à la Maison Blanche. Ce sommet « ouvre une nouvelle ère », a déclaré Kim Jong-un. Le leader nord-coréen a par ailleurs reçu une invitation inattendue à se rendre à la Maison Blanche. « Nous allons nous rencontrer souvent », a déclaré Donald Trump, indiquant avoir noué « une relation très spéciale » avec son interlocuteur.
Pacification et dénucléarisation au menu. Les ambitions atomiques de Pyongyang, sous le coup de sanctions internationales draconiennes imposées au fil des années, étaient au cœur des discussions entre les deux dirigeants. Mais sont-ils tombés d’accord sur ces questions sensibles ? La dénucléarisation « commencera très vite », a annoncé Donald Trump.
Le gros morceau de ce sommet, le fond du dossier s’est joué à huit. Les deux dirigeants étaient accompagnés de leur garde rapprochée. Côté américain, Mike Pompeo, le chef de la diplomatie John Kelly, le chef de cabinet de la Maison Blanche et John Bolton, le conseiller national à la sécurité, étaient aux côtés de Donald Trump.
Côté nord-coréen, Kim Jong-un était entouré de Kim Yong-chol. Considéré comme le numéro 2 du régime, il connaît très bien les questions nucléaires, il a déjà négocié dans le passé avec les Etats-Unis, c’est lui qui avait fait le voyage à Washington il y a 10 jours en vue de ce sommet. Le ministre nord-coréen des Affaires étrangères, Ri Yong-ho et le diplomate Ri Su-yong, chargé des Affaires internationales au sein du Parti unique de Corée du Nord étaient également autour de la table.
Si des engagements ont été pris, c’est dans cette pièce qu’ils ont été formulés, rapporte notre envoyé spécial à Singapour, Vincent Souriau.
Donald Trump a donné une conférence de presse après sa rencontre avec Kim Jong-un. Interrogé sur la question des garanties de sécurité vis-à-vis de Pyongyang, Donald Trump a assuré : « Nous ne réduisons pas nos capacités militaires dès aujourd’hui [32 000 soldats américains sont actuellement en Corée du Sud]. A un certain point oui, mais pas encore ». En revanche, il déclare qu’il mettra fin aux exercices militaires conjoints avec la Corée du Sud. « Nous économiserons beaucoup d’argent et ce sera moins provocant », a-t-il expliqué sans s’engager sur un calendrier. Le président américain a par ailleurs confirmé que les sanctions économiques seraient pour le moment maintenues.
« Nous sommes prêts à écrire un nouveau chapitre entre nos nations », a ajouté Donald Trump. Le président américain a aussi dit espérer la fin prochaine de la guerre de Corée. En effet, ce conflit s’est achevé en 1953 par un simple armistice et non pas par un traité de paix.
Réactions. Wang Yi, le chef de la diplomatie chinoise, a salué la rencontre et dit espérer que la Corée du Nord et les Etats-Unis vont ouvrir un nouveau chapitre… avec le soutien de la Chine, annonce notre correspondante à Pékin, Heike Schmidt. « Aujourd’hui, le fait que les plus hauts dirigeants des deux pays soient assis côte à côte pour des pourparlers d’égal à égal a un sens important et constitue le début d’une nouvelle histoire », a déclaré Wang Yi.
Le président sud-coréen Moon Jae-in quant à lui arborait un immense sourire de satisfaction, alors qu’il regardait la rencontre à la télévision. Un sourire révélateur puisque c’est grâce à ses efforts de médiation depuis des mois que ce sommet a pu avoir lieu, rappelle notre correspondant à Séoul, Frédéric Ojardias. « Je crois que chaque Coréen regarde ce qui se passe à Singapour », a déclaré Moon Jae-in, qui a ajouté : « Je n’ai pas pu dormir de la nuit ».
Un « pas significatif », selon Paris. Le document signé par les dirigeants américain et nord-coréen est un « pas significatif », a salué la ministre française des Affaires européennes Nathalie Loiseau sur la chaîne LCP, tout en doutant « que tout ait été atteint en quelques heures » lors de cette rencontre.
Optimisme mesuré du Japon. Le Premier ministre japonais Shinzo Abe a exprimé l’espoir que le sommet entre Donald Trump et Kim Jong-un mènera à une résolution des programmes nucléaires et balistiques nord-coréens ainsi qu’à une solution en ce qui concerne le sort des ressortissants japonais enlevés par des agents nord-coréens dans les années 70 et 80, relève notre correspondant à Tokyo, Frédéric Charles. En attendant, le Japon reste prudent et constate que la déclaration commune signée par le président américain et le dirigeant nord-coréen reste vague.
Denis Rodman en pleurs. En marge du sommet, on a pu assister à une image un peu surréaliste. Interviewé par la chaîne américaine CNN et affublé d’une casquette « Make America Great Again » en soutien à Donald Trump, l’ancien basketteur Dennis Rodman qui dit être un ami de Kim Jong-un a fondu en larmes en évoquant les critiques qu’il avait reçues pour s’être rendu à Pyongyang et avoir cru à un rapprochement entre les Etats-Unis et la Corée du Nord.