Après le putsch des militaires, un mouvement de résistance commence à émerger. Pas de grandes manifestations dans les rues, mais le mouvement, très relayé sur les réseaux sociaux, vise à exprimer pacifiquement l’opposition au régime militaire. Un groupe nommé « le mouvement de désobéissance civile » a été lancé sur Facebook et comptait ce mercredi matin 3 février près de 150 000 abonnés.
Le mouvement a été lancé ce mardi par les médecins et les infirmières du secteur public. Dès ce mercredi, ont-ils annoncé, ils se mettront en grève pour contester la prise du pouvoir par l’armée. Pour l’instant, le personnel d’une quarantaine d’hôpitaux dans les grandes villes de Rangoun, Naypyidaw et Mandalay ont déclaré qu’ils suivraient le mouvement.
Ce mouvement est très relayé sur les réseaux sociaux, notamment par le milieu des étudiants, qui publient des messages d’appels à l’aide dans plusieurs langues. On voit d’ailleurs émerger des similarités avec les récents mouvements sociaux de Hong Kong et de Thaïlande, en particulier l’usage de la messagerie Signal et le salut à trois doigts levés.
Casseroles et démons
Un mot d’ordre a été lancé à la population de frapper sur des casseroles à 20h chaque soir sur les balcons et devant les maisons – un rituel normalement destiné à chasser les démons – pour protester contre la présence de l’armée.
En pleine période de Covid-19, la grève des médecins pourrait avoir un impact. Mais l’armée disposent aussi d’un solide réseau d’hôpitaux militaires. Les représentants du mouvement de désobéissance civile espèrent donc être suivis très rapidement par d’autres secteurs.
Manifestations virtuelles
« Je me sens triste et impuissant, raconte Nay un chauffeur de taxi trentenaire de Rangoun, au micro de RFI. Parce que je ne peux pas espérer aider nos dirigeants. Ceux que nous avons élus ont été arrêtés, et sont en détention à domicile. »
L’homme n’est pas surpris du calme qui règne à Rangoun. « Nous avons tous reçu un message de nos leaders nous demandant de rester calmes, et d’attendre les instructions. Je pense que tout le monde suit cela. C’est pour ça que vous ne voyez pas de supporters dans les rues en train de manifester ou de faire la grève. Ils ne se montrent pas. Ils manifestent en paix, virtuellement, grâce à la technologie, à Facebook et à ce genre de plateformes. Je pense que nous attendons le moment où la communauté internationale agira, face à ce coup d’État militaire. »