Maria Rajablat, infirmière, bénévole pour Sos Méditerranée, avait passé deux mois en 2016 à bord de l’« Aquarius ». Elle continue à s’entretenir avec les migrants rescapés en mer, qui s’étaient embarqués dans des embarcations de fortune depuis la Libye. A l’en croire, depuis deux ans, la teneur des témoignages n’a guère changé.
Avec notre correspondant à Madrid, François Musseau
Sur le navire humanitaire Aquarius, l’immense majorité des 629 passagers, femmes, hommes et mineurs ont été l’objet d’abus sexuels. Pendant des journées entières, par le passé, Maria Rajablat, infirmière, bénévole pour SOS Méditerranée, a recueilli des témoignages de migrants rescapés par l’Aquarius, des migrants venant tous de Libye. Marie Rajablat se souvient notamment d’une femme qui s’était confiée à elle : « J’ai surtout le souvenir de cette femme que j’ai appelé Abby et qui m’avait dit qu’elle avait froid. Donc, elle tremblait et cela commence souvent par l’histoire de la couverture dans laquelle je l’emballe et je la prends dans les bras pour bien serrer parce que ça s’envole au vent. Tout cela n’étant que prétexte. Et du coup, cette femme se cale contre moi et au fur et à mesure qu’elle raconte, elle s’écroule de plus en plus sur mes genoux. »
Les femmes, les enfants sont violés, mais aussi les hommes, affirme Marie Rajablat, même si ces derniers en parlent différemment : « Ils racontent souvent les situations démentes dans lesquelles ils se sont retrouvés, notamment avec l’obligation, un flingue sur la tempe, on les oblige à violer une femme devant les autres, généralement devant le mari, les frères et tout ça. Et là, s’ils ne le font pas, ils risquent leur peau. Il y a ceux qui se disent non, là j’ai atteint la limite de ce que je ne peux pas faire et qui se disent, il adviendra ce qu’il adviendra mais je préfère mourir plutôt que de faire un truc comme ça. Et il y a ceux qui l’ont fait. »
Marie Rajablat affirme que les témoignages des actuels migrants sont identiques à ceux qu’elle avait recueillis. La seule chose qui a changé, affirme-t-elle, ce sont les conditions du repêchage en mer, toujours plus difficiles.
rfi