L’état d’urgence en vigueur au Japon a été reconduit dans une dizaine de régions, dont Tokyo, par les autorités nippones vendredi 28 mai. La cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques est prévue le 23 juillet. L’envolée du nombre de contaminations inquiète particulièrement les 80 000 Japonais qui s’étaient portés candidats pour encadrer bénévolement l’événement. Ils sont de plus en plus nombreux à démissionner.
« Le nombre de nouveaux cas a décliné depuis la mi-mai, mais la situation continue d’être incertaine », a indiqué le Premier ministre japonais Yoshihide Suga devant la presse, vendredi 28 mai, pour justifier la décision de prolonger l’état d’urgence jusqu’au 20 juin. Malgré la baisse du nombre d’infections à Tokyo et Osaka, la situation reste donc précaire à moins de deux mois du début des Jeux olympiques de Tokyo.
Un tiers de l’archipel reste donc soumis aux régime d’état d’urgence. Mais il ne ressemble en rien aux mesures de confinement imposées ailleurs dans le monde, rappelle notre correspondant à Tokyo, Frédéric Charles. Il se limite à fermer les bars et restaurants plus tôt que d’habitude.
Le gouvernement japonais est critiqué pour la lenteur de la campagne de vaccination. Moins de 2,5% des Japonais ont reçu deux doses de vaccin. Sans compter que des experts redoutent que la quatrième vague de l’épidémie de Covid-19 atteigne son pic en juillet. Ce qui signifie qu’à Tokyo, pendant les Jeux, des hôpitaux pourraient devoir à nouveau refuser des patients faute de lits ou de soignants en nombre suffisant, explique notre autre correspondant à Tokyo, Bruno Duval.
Des bénévoles qui refusent de servir de « chair à canon »
Inquiets, ces deux bénévoles ont préféré jeter l’éponge : « Comme la plupart des volontaires, je n’aurai probablement pas encore été vacciné au moment des Jeux. Or, je ne me sens pas la force de les vivre en ayant constamment la hantise d’être contaminé », explique le premier. « Rien ne dit que les bénévoles qui attraperont le Covid seront bien soignés : cet été, les hôpitaux seront sans doute toujours aussi débordés », redoute cette Japonaise également bénévole
Des bénévoles mettent en cause les organisateurs des Jeux. C’est le cas de ce retraité. « Quand je suis allé chercher mon badge et mon uniforme de volontaire, on m’a remis deux masques et un petit flacon de gel hydroalcoolique. Pour ma protection pendant les JO, m’a-t-on dit, rapporte un autre bénévole. Juste deux masques alors que ces Jeux vont durer quinze jours. Visiblement, les organisateurs ne se rendent pas compte de la gravité de la situation. Cela m’a donc semblé mieux de démissionner. J’avais vraiment l’impression d’être un soldat qu’on envoie se battre sans aucune arme. »
L’expression revient en boucle dans la presse japonaise : tous ces bénévoles non vaccinés seront « la chair à canon des JO de Tokyo ». Et les premières victimes, si ces Jeux tournent à la catastrophe sanitaire.
Le Japon demeure relativement épargné par le coronavirus. Depuis le début de la pandémie, il a enregistré 727 000 infections et 12 500 décès pour une population de 126 millions d’habitants.
Le gouvernement promet de vacciner ses plus de 65 ans d’ici à la fin juillet. Des associations médicales insistent pour que les Jeux se déroulent sans spectateurs. D’autres demandent leur annulation. Le gouvernement reste confiant : il organisera cet été, des Jeux « sûrs et sécurisés », affirme-t-il.