A Soweto, Winnie Mandela est toujours présente

L’icône de la lutte contre l’apartheid Winnie Mandela est décédée lundi 2 avril à Johannesburg. A 81 ans, elle était bien plus que la seconde femme de Nelson Mandela. Figure radicale, parfois même controversée de la lutte des Noirs, elle était et restera « la mère de la Nation » dans le coeur des sud-africains. Reportage dans son quartier, le township de Soweto.

Dans la célèbre rue Vilakazi de Soweto, le restaurant familial des Mandela est exceptionnellement fermé. Sonoane Molefe, 68 ans, se trouve devant, seul avec sa guitare. « C’est notre mère à tous, dit-il. Elle a toujours combattu le régime de l’apartheid. Ce dont je vais me souvenir c’est qu’elle est une leader, une vraie leader. »

Un peu plus bas, Thabo, 21 ans, et ses amis se sont regroupés à quelques rues à peine de la maison de Winnie Mandela, en sa mémoire. « Oui, aujourd’hui nous avons perdu… Je ne sais même pas quel mot employer… Nous avons perdu une reine, la reine de notre nation. »

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L’Afrique du Sud a perdu une reine donc. Perdu aussi un idéal féminin selon Tokas, très émue car elle vient d’apprendre la triste nouvelle. « Oui, je suis très fière d’elle. Vous touchez une femme, vous touchez une pierre… »

Un hommage national lui sera rendu

Pas question de parler de ses scandales. Les Sud-Africains et Sud-Africaines veulent retenir la combattante pour la liberté, celle qu’ils surnomment la «mère de la Nation». Egérie de la lutte anti-apartheid durant les vingt-sept années d’emprisonnement de son mari, elle est donc restée une icône. « Beaucoup de dirigeants et beaucoup de l’élite de l’ANC ont quitté le township pour aller habiter dans les luxueuses villas au nord de Johannesbourg. Mais elle, elle n’a pas changé, elle est restée elle-même, militante pour les droits humains, pour une

nouvelle Afrique du Sud où tout le monde a sa chance, pour le développement économique aux côtés des plus pauvres.

Elle n’a vraiment pas abandonné cette lutte après la libération de Mandela et après la fin de l’apartheid et est restée très aimée à travers le pays », conclut l’analyste Liesl Louw-Vaudran.

Le président Cyril Ramaphosa s’est lui-même rendu au domicile de Winnie Mandela à Soweto, au milieu de la foule des proches et admirateurs, des chants de lutte et des prières. Il a annoncé qu’un hommage public lui serait rendu le 11 avril et que des obsèques nationales seraient organisées le 14 avril.

rfi