Les grévistes d’Air France à l’unisson avec les cheminots ?

Journée noire dans le transport français ce mardi 3 avril. A la grève de la SNCF s’ajoute celle d’Air France avec des revendications très différentes : une dizaine de syndicats de la compagnie exigent des augmentations de salaire pour l’ensemble des salariés.

Contrairement au mouvement défensif des cheminots qui veulent préserver leurs avantages acquis, c’est-à-dire leur statut et celui de leur entreprise, les pilotes comme les personnels au sol d’Air France sont passés à l’offensive pour gagner plus. L’an dernier Air France KLM a dégagé un bénéfice d’exploitation exceptionnel de un milliard 400 millions d’euros, dont 500 millions pour la branche française. La meilleure performance de toute son histoire. Alors en février, quand la direction annonce que l’augmentation générale sera de 1% en 2018, cela ne passe pas, une dizaine de syndicats appellent à la grève en exigeant 6% d’augmentation pour tous. D’après les estimations de la compagnie, cette quatrième journée de grève devrait être encore mieux suivie que les précédentes

Les syndicats d’Air France sont en position de force?

L’affichage est en leur faveur : étant donné les excellents résultats de l’entreprise, demander une hausse substantielle paraît tout à fait légitime, c’est ce qu’ont obtenu les salariés allemands de la Lufthansa. A Air France les salariés ont accepté le blocage des salaires en 2011, il est temps pour eux de bénéficier des fruits de la croissance retrouvée ; ensuite la pénurie actuelle de pilotes donne un fort pouvoir de négociation à ceux d’Air France, même s’ils sont déjà très bien lotis, puisque ce sont les mieux payés d’Europe. Conscients de leur avantage, ils sont les plus mobilisés. Aujourd’hui un sur 3 serait en grève. La direction a eu beau proposer des compensations pour les petits salaires et expliquer qu’en fait l’augmentation réelle serait en moyenne de 4,5% en prenant en compte l’intéressement versé cette année ajoutée aux mesures individuelles, les syndicats ont rejeté en bloc toutes ces propositions et ils appellent déjà à de nouvelles journées de mobilisation dès la semaine prochaine.

La direction d’Air France est-elle en mesure de satisfaire leurs revendications ?

Cette année les salaires représentent un poste de dépense plus important que le carburant. La compagnie n’a donc pas trop intérêt à alourdir ses dépenses car elle est encore fragile et en mauvaise posture face à la concurrence. Elle demeure nettement moins compétitive que ses rivales. Depuis le début de l’année son action dévisse à la Bourse, et les bons comptes annoncés en février n’ont même pas permis d’enrayer cette glissade. Le salut pour elle comme pour toutes les compagnies historiques passent par les filiales à bas coûts. C’est pourquoi la direction d’Air France veut bien faire un effort, elle est même prête à aller bien au-delà des 6%. Mais pas pour tout le monde. Exclusivement pour les pilotes. Ils pourraient obtenir jusqu’à 10% d’augmentation à condition d’accepter de nouvelles concessions pour permettre le développement de la filiale à bas coût d’Air France, Transavia.

En débrayant en même temps que les cheminots, les salariés d’Air France ont-ils plus de chance d’aboutir?

C’est leur pari. Au départ leur mouvement a été perçu comme un test national pour l’évolution du pouvoir d’achat des Français. Et leurs revendications n’ont pas trouvé un grand écho dans l’opinion publique. Maintenant que les cheminots, les éboueurs, les fonctionnaires sont dans la rue, les syndicats d’Air France comptent bien surfer sur l’humeur frondeuse de ce mois d’avril pour obtenir gain de cause.

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rfi