Le président russe a ordonné à l’armée russe de se mobiliser pour lutter contre les flammes qui dévorent plusieurs zones de Sibérie. Des avions et des hélicoptères seront notamment envoyés dans la région de Krasnoïarsk. Mais la réaction est qualifiée de « tardive » par les organisations de défense de l’environnement.
Trois millions d’hectares : c’est la surface actuellement en train de brûler en Sibérie, l’équivalent de la superficie de la Belgique. Mais selon Greenpeace Russie, ce sont déjà 12 millions d’hectares de forêt sibérienne qui sont partis en fumée.
Une décision tardive
Ce mercredi 31 juillet, après des semaines de passivité assumée, les autorités russes ont finalement décidé de déployer des moyens supplémentaires pour lutter contre les flammes. Dix avions et dix hélicoptères bombardiers d’eau seront ainsi envoyés par l’armée dans la région de Krasnoïarsk. Décision tardive et sans doute insuffisante devant l’ampleur des incendies.
Pour l’heure, les feux de forêt ne touchent que des zones non habitées ce qui explique l’inaction des autorités. Mais les fumées noires qui recouvrent la Sibérie et qui touchent les plus grandes villes de la région suscitent l’inquiétude et l’exaspération des habitants.
Autre motif de préoccupation : l’impact écologique majeur que pourraient entraîner ces incendies gigantesques. « Les feux de forêt accélèrent les changements climatiques, s’inquiète Andreï Allakhverdov, de l’ONG Greenpeace Russie. D’abord en raison des émissions très fortes de gaz carbonique, et de la destruction de la forêt qui ne pourra plus absorber de CO2. Mais aussi à cause de la suie que l’on retrouve jusque dans l’Arctique. La suie noircit la glace et l’empêche de renvoyer les rayons du soleil. La glace conserve alors la chaleur, elle se réchauffe et elle fond. »
« Zones de contrôle »
Pour justifier leur inaction face aux flammes, les autorités invoquent un règlement administratif datant de 2015 autorisant les gouverneurs à ne pas intervenir contre les flammes. S’ils estiment que le coût des opérations anti-incendie est supérieur aux destructions provoquées par les incendies. Un argument économique qui exaspère les habitants des régions touchées par les fumées, et menacées par les flammes. « Les autorités ont défini des « zones de contrôle” au sein desquelles elles ont le droit de ne rien faire », explique Andreï Allakhverdov.
Le parc national du Mont Kenya ravagé par des incendies
Un fonctionnement d’autant plus commode que les moyens de lutte anti-incendie font cruellement défaut dans les régions concernées. Les autorités locales et nationales expliquent aussi que les fumées dégagées par les incendies ne présentent pas de danger pour les habitants des localités touchées. Ce qui suscite également la colère de la population locale.
Certains habitants se sont même pris en photo avec des masques à gaz pour protester contre l’inaction « coupable » du gouvernement. L’exaspération est telle qu’une pétition en ligne réclamant l’instauration de l’état d’urgence dans toutes les régions de Sibérie a recueilli, à ce jour, plus de 860 000 signatures.