Adama Faye à Macky : trop de pouvoir tue le pouvoir et le votre est temporaire

Adama Faye à Macky : trop de pouvoir tue le pouvoir et le votre est temporaire

Vers un clash Adama Faye-Macky Sall
Adama Faye, responsable à l’Alliance pour la République (Apr) de Grand-Yoff, n’a pas fait dans la langue de bois pour rappeler à l’ordre celui qui est par ailleurs son beau-frère. Dénonçant les directives du patron de l’Apr et de Benno qui a donné l’ordre à ses lieutenants d’attendre son coup d’envoi en perspectives des élections locales de janvier 2022, Adama Faye a clairement fait savoir au Président Macky Sall que «trop de pouvoir tue le pouvoir», surtout que le sien est éphémère. Non sans aller… plus loin.

Adama Faye a bien mangé le plat du « courage ». Dans une lettre rendue publique hier, le responsable politique de l’Alliance pour la République (Apr) à Grand-Yoff n’a absolument pas fait dans la langue de bois en s’adressant au Président Macky Sall, président de l’Apr et de la coalition Benno bokk yaakar. Visiblement très remonté contre ce dernier qui a laissé entendre qu’en direction des Locales, tous les responsables de son parti et de sa coalition devront l’écouter et attendre son coup d’envoi, M. Faye a craché du venin.

«Monsieur le président, grande fut ma peine de vous entendre demander à vos partenaires politiques de la coalition Benno bokk yakaar et à vos frères et sœurs du parti Apr de vous écouter et d’attendre vos décisions dans les différentes localités pour les élections locales de janvier 2022. Attention ! Non seulement trop de pouvoir tue le pouvoir, mais aussi le vôtre est temporaire. Le linge sale se lave en famille dit-on, certes, mais il faudrait déjà que le chef de famille puisse accepter que dans la cour de la maison vivent plusieurs fils et filles aux caractères et objectifs différents voire divergents. Votre liberté est celle de celui qui pense autrement», a-t-il déclaré.

«Pour votre candidature, vous avez eu la liberté de répondre par un ni oui ni non»
Poursuivant, M. Faye ajoute : «À la question nationale concernant vos mandats, vous avez eu la liberté de répondre par un « ni oui ni non »». Non sans dire qu’«en cette période de crise sanitaire où le Sénégal traverse ses pires moments d’instabilité sociale et affronte d’énormes difficultés financières, vous avez eu la liberté d’acheter un avion à coût de milliards et j’ose espérer que vous aurez la même liberté de le rentabiliser. Sans oublier le fait de changer de casquette, à votre guise, de président de la République ou de chef de parti devant la patrie, vous vous donnez non seulement la liberté de nommer ou de démettre sans tenir compte des compétences, mais aussi celle de laisser des personnes retraitées depuis belle lurette à des postes de responsabilités».

Mieux, clame Adama Faye : «Votre liberté qui vous permet d’appliquer la justice sélective n’a pas droit sur celle des uns et des autres. Monsieur le président, attendez-vous à ce que l’on ne soit pas toujours d’accord avec vous et ce, en toute liberté». Dans sa missive, le beau-frère du président signale ceci : «De par votre expérience, vous devriez être le meilleur Président que le Sénégal ait connu. Vous avez changé positivement la vitrine physique du Sénégal, mais qu’en est-il de la vignette morale, éthique et déontologique de notre pays ? Tant que c’est à huis clos, cela peut ne pas déranger, mais votre excès de pouvoir et votre comportement de dictateur ou de monarque inquiètent plus d’un.»
«Votre excès de pouvoir et votre comportement de dictateur ou de monarque inquiètent plus d’un»
Sur la même lancée, il défend : «Au-delà du fait que le sang royal ne coule guerre dans vos veines, je vous rappelle que le Sénégal n’est point un royaume, mais une République que vous dirigez, vous mon Président, mon leader, vous qui êtes né sous l’ère de la liberté, après l’indépendance sans aucune contrainte coloniale». À ses yeux, poursuit-il, «ma liberté comme celle de plusieurs citoyens qui n’osent le dire est d’avoir le libre arbitre. Ma liberté de porter ma candidature et de la proposer non pas à vous, mais à mes concitoyens, ceux de ma commune qui auront l’éclectisme et la liberté de porter ou non leur espoir en moi».

Adama Faye de terminer en ces termes : «Monsieur le président, tout cela pour marteler, hic et nunc, que moi, Adama Faye, membre fondateur du parti Apr, je déclare ma candidature aux prochaines locales de janvier 2022 dans ma commune, Grand-Yoff. Il va sans dire que si je ne bénéficie pas de l’accord de mon parti ou plutôt je dirais de votre décision, je présenterai – si Dieu le Veut – une liste parallèle et concurrente quel que soit le mode de scrutin choisi. In fine, ma liberté aura été affirmée jusqu’au bout… Advienne que pourra.»