Les États-Unis et le régime taliban ont procédé à un échange de prisonniers entre un vétéran de la marine américaine et un soutien clé du mouvement islamiste détenu depuis 17 ans par les Américains, a annoncé, lundi 19 septembre, le ministre afghan des Affaires étrangères.
L’Américain Mark Frerichs, enlevé en 2020 en Afghanistan, a été échangé contre Bashar Noorzaï, un chef de guerre proche des talibans emprisonné depuis 17 ans aux États-Unis pour trafic d’héroïne. « Après de longues négociations, le citoyen américain Mark Frerichs a été remis à une délégation américaine et cette délégation nous a remis (Bashar Noorzaï) aujourd’hui (lundi) à l’aéroport de Kaboul », a indiqué le ministre afghan des Affaires étrangères, Amir Khan Muttaqi, lors d’une conférence de presse dans la capitale.
Le vétéran de la marine américaine travaillait en tant qu’ingénieur civil sur des projets de construction en Afghanistan lorsqu’il a été pris en otage, selon le département d’État américain. Bashar Noorzaï, condamné à la prison à vie aux États-Unis pour trafic d’héroïne, n’occupait aucune position officielle au sein des talibans, a précisé à l’AFP le porte-parole du gouvernement afghan, Zabihullah Mujahid. Il a néanmoins « apporté un soutien important, y compris en armes », lors de l’émergence du mouvement islamiste dans les années 1990, a-t-il ajouté.
Crise humanitaire
« Si l’EIA (Émirat islamique d’Afghanistan) n’avait pas montré sa forte détermination, je ne serais pas ici aujourd’hui », a déclaré aux journalistes Bashar Noorzaï lors de son arrivée à Kaboul. Son retour a été célébré en fanfare par le régime taliban, revenu au pouvoir en août 2021 après 20 ans d’occupation de l’Afghanistan par les États-Unis et leurs alliés de l’Otan. Des photos postées sur les réseaux sociaux montrent des combattants talibans masqués lui mettant des colliers de fleurs autour du cou.
Aucun pays n’a encore reconnu le nouveau gouvernement afghan, Washington ayant répété aux talibans qu’ils devaient « gagner » leur légitimité avant d’être reconnus par la communauté internationale. Malgré la fierté de ces derniers d’avoir reconquis le pouvoir, le pays de 38 millions d’habitants doit faire face à l’une des pires crises humanitaires sur la planète, selon les Nations unies.
La situation n’a fait qu’empirer quand les versements de milliards de dollars d’aide étrangère, qui ont soutenu l’économie afghane pendant des décennies, ont soudainement été interrompus lors du retrait des États-Unis du pays. Quelque sept milliards de dollars de réserves ont été gelés par Washington. Les sévères restrictions imposées par les talibans aux droits des femmes sont devenues un obstacle majeur à la reconnaissance officielle par la communauté internationale du gouvernement islamiste en Afghanistan.