Des combats opposaient ce jeudi matin 8 juillet, les talibans à l’armée afghane dans la ville de Qala-i-Naw, au nord-ouest du pays. C’est la première capitale provinciale à subir une offensive de la part des insurgés depuis le début de la dernière phase du retrait des troupes américaines d’Afghanistan.
Mercredi 8 juillet, quelques heures seulement après que l’armée américaine a annoncé avoir achevé « à plus de 90% » son retrait d’Afghanistan, les talibans, qui se sont emparés depuis mai de vastes portions rurales du territoire et rapprochés de plusieurs grandes villes, sont entrés dans Qala-i-Naw, une ville d’environ 75 000 habitants. Les forces afghanes ont lancé une contre-offensive pour reprendre la ville.
Ce même mercredi, les talibans ont libéré des centaines de détenus de la prison de la ville, et pris le contrôle du commissariat. Sur Twitter, le porte-parole du ministère de la Défense Fawad Aman, a déclaré que « de nouveaux commandos sont arrivés à Badghis la nuit dernière et vont lancer une opération de grande envergure ».
Les provinces voisines affectées
Selon un responsable sécuritaire, l’offensive a également « affecté les provinces voisines » dont celle d’Herat, frontalière de l’Iran, où le district de Badghis est tombé aux mains des insurgés dans la nuit. Pour des responsables locaux et les insurgés, deux districts de Herat en tout ont été pris dans la nuit, alors que les talibans se rapprochent du centre de la province.
Dans un nouveau rapport, Human Rights Watch fait état d’exactions à l’encontre de la population civile dans la province de Kunduz. Les Talibans auraient forcé environ 600 familles à quitter leurs maisons à Bagh-e Sherkat. Certaines ont été incendiées et pillées. Selon l’ONG, il s’agirait d’attaques ciblées contre des civils accusés de collaborer avec le gouvernement.
« Les combats ont provoqué d’importants déplacements de population, mais ce que nous avons constaté dans certaines régions, c’est une campagne d’attaques ciblées où les Talibans s’en prennent à des civils qu’ils accusent de coopérer avec le gouvernement afghan. Et ce qui nous préoccupe le plus, c’est le risque d’un engrenage d’actes de vengeance, de meurtres, d’incendies et de pillages de maisons », alerte Patricia Gossman, la directrice Asie de Human Rights Watch, au micro de Jelena Tomic, du service International de RFI.
Selon elle, « ça a longtemps été un modus operandi alors que de nombreuses régions sont en train de tomber entre les mains des Talibans. La province de Kunduz a déjà été sous leur contrôle il y a vingt ans. Nous craignons que les actes de représailles d’ampleur deviennent une réalité. Les talibans ont nié avoir incendié et pillé les maisons, mais on ne peut pas exclure que des commandos puissent échapper aux décisions du commandement local et on peut se demander s’ils n’agissent pas seuls sans l’aval de leur leadership dans les offensives éclairs qui s’étendent dans le nord de l’Afghanistan. »
Les talibans avaient déjà brièvement tenté en juin d’attaquer Kunduz, capitale de la province du même nom dans le nord du pays. Pendant ce temps, le retrait des troupes de Washington continue tambour battant, malgré leur avancée inexorable à travers le pays et le recul des forces afghanes.