Au moins 50 personnes ont été tuées et 80 blessées dans un attentat-suicide au cours d’un rassemblement de religieux de haut rang célébrant la naissance du prophète Mahomet mardi à Kaboul, ont annoncé des responsables officiels.
La cérémonie religieuse commencait à peine quand l’explosion a retenti. Un religieux était en train de réciter un verset du Coran quand le kamikaze a déclenché sa charge, raconte un rescapé sur une chaîne de télévision locale, rapporte notre correspondante à Kaboul, Sonia Ghezali. Des centaines de personnes étaient réunies dans l’établissement Uranus, un bâtiment illuminé à l’extérieur d’ampoules multicolores.
Le bilan a grimpé rapidement, il est proisoirement de 50 morts et près de 80 blessés. « Le kamikaze s’est fait exploser dans l’Uranus wedding palace où s’étaient réunis des oulémas pour célébrer en ce jour la naissance du prophète », a décalré le porte-parole de la police de Kaboul, Basir Mujahid.
Le porte-parole du ministère de la Défense, Najib Danish, a confirmé l’information, soulignant que des « oulémas venus de tout le pays et d’autres personnes participaient à la cérémonie » dans la salle des fêtes.
Un responsable de la salle, dont la grande capacité permet des rassemblements d’envergure telles que des réunions politiques, a raconté qu’ « environ 1000 personnes étaient présentes » au moment de l’explosion.
Pas de revendication pour l’instant
L’attentat n’a pour l’heure pas été revendiqué mais le groupe Etat islamique (EI) est le plus souvent à l’origine des attaques-suicides en Afghanistan.
Cette attaque frappe la capitale afghane alors que Zalmay Khalilzad, l’émissaire américain pour la paix en Afghanistan poursuit les tractations en vue d’un processus de paix entre le gouvernement et les talibans. Optimiste, il déclarait il y a deux jours qu’un accord de paix pourrait être scellé dans les cinq prochains mois. Pourtant, sur le terrain pourtant, les violences se sont intensifiées ces dernières semaines, notamment dans le centre du pays, dans les provinces de Ghazni et d’Uruzgan où les talibans ont lancé leur offensive contre des disctricts contrôlés par les autorités afghanes forçant des milliers de familles à fuir leurs villages.
C’est le plus lourd bilan dans un attentat à la bombe dans la capitale afghane depuis le double-attentat, revendiqué par l’EI, contre la communauté des Hazaras, de confession chiite, qui avait fait 26 morts début septembre dans une salle de sport où s’entraînaient des lutteurs.
Record de bombardements depuis 2001
Le groupe terroriste revendique aussi l’attaque-suicide contre une manifestation à Jalalabad dans l’est de l’Afghanistan durant le même mois. Au moins 68 personnes ont été tuées, plus de 160 blessés. En janvier, les talibans avaient revendiqué l’attaque à l’ambulance piégée près de bureaux du ministère de l’Intérieur dans la capitale afghane. Bilan, 103 morts plus de 235 blessés.
Les victimes civiles sont de plus en plus nombreuses révèlent les Nations unies dans un rapport sur les six premiers mois de l’année. Un nouveau record a même été atteint avec 1700 civils tués sur cette période. Les attentats de l’EI en sont la principale cause.
Mais la population civile souffre aussi des combats qui opposent les talibans aux membres des forces de sécurités afghanes. Les frappes aériennes ont également considérablement augmenté. L’aviation américaine n’a quant à elle jamais autant largue de bombes et de missiles en Afghanistan que depuis le début de l’année : 5213 largages ont été comptabilisés, un record depuis l’intervention américaine en 2001. Le nombre de victimes de bavure a aussi augmenté, s’inquiètent de nombreux membres de la société civile alors que le pays s’enlise dans le conflit.
rfi