Les faits Les funérailles du général algérien Ahmed Gaïd Salah, décédé en début de semaine, ont eu lieu mercredi 25 décembre. Une cérémonie à la hauteur du personnage. Des funérailles dignes d’un chef d’État. L’Algérie a enterré mercredi 25 décembre, le puissant général Ahmed Gaïd Salah, homme fort de fait du pays ces derniers mois et gardien du « système » au pouvoir face à un mouvement populaire massif de contestation, décédé lundi 23 décembre à 79 ans d’une crise cardiaque.
Hommage des hauts dignitaires
Le cercueil a d’abord été exposé dès le matin au Palais du Peuple, ancienne résidence des gouverneurs ottomans bâtie au XVIIIe siècle et devenue lieu de manifestations et cérémonies officielles de l’État algérien, où les hauts dignitaires lui ont rendu hommage. Recouvert du drapeau national et porté par plusieurs officiers, le cercueil y a été accueilli par le général Saïd Chengriha, qui assure l’intérim du chef d’état-major depuis son décès, accompagné d’autres responsables militaires. Entré en fonction il y a moins d’une semaine, le président Abdelmadjid Tebboune, élu le 12 décembre lors d’une présidentielle portée à bout de bras par le général Gaïd Salah mais boudée par les électeurs, s’est recueilli devant le cercueil avant de présenter ses condoléances aux proches du défunt.
Sur le cercueil, entouré de quatre officiers de différents corps d’armée, reposait sur un coussin le collier de « Sadr » dans l’Ordre national du Mérite, une dignité réservée habituellement aux chefs de l’État, à laquelle l’avait élevé l’actuel président, lors de son investiture le 19 décembre, dernière apparition publique du général Gaïd Salah. Abdelkader Bensalah, effacé président par intérim entre la démission de Bouteflika et l’élection d’Abdelmadjid Tebboune et de nombreux autres hauts responsables de l’État se sont également recueillis devant la dépouille de celui qui était apparu ces derniers mois comme le gardien du « système » au pouvoir face au mouvement (« Hirak ») de contestation populaire qui agite l’Algérie depuis fin février.
Des citoyens sont ensuite entrés par petits groupes pour se recueillir tour à tour très brièvement devant le cercueil, avant son départ pour le cimetière d’El Alia, à une dizaine de kilomètres, où reposent les anciens chefs d’État et grandes figures de la lutte contre le pouvoir colonial français.
Des milliers d’Algériens rassemblés
Des « Allah Akbar » (« Dieu est le plus grand ») et des youyous ont salué le départ du cortège funèbre, ouvert par un camion sur le plateau duquel ont pris place plusieurs officiers en uniforme de cérémonie et encadré par de nombreux motards de la police.
Des milliers d’Algériens sont rassemblés le long du parcours, certains accompagnant à pied le convoi et rejoignant une foule impressionnante rassemblée aux portes du cimetière, selon des images diffusées par la télévision nationale. Recouvert du drapeau national et porté par plusieurs officiers, le cercueil y a été accueilli par le général Saïd Chengriha, qui assure l’intérim du chef d’état-major depuis son décès, accompagné d’autres responsables militaires.
Son nom était conspué ces derniers mois dans les manifestations, pour la répression contre le « Hirak » et pour son acharnement à organiser une présidentielle vue par la contestation comme un artifice permettant la survie du « système » dont elle exige le démantèlement.
« Armée et peuple sont frères, et Gaïd Salah est avec les martyrs », a scandé dans la matinée la foule rassemblée devant le Palais du Peuple, détournant un slogan du « Hirak » dans lequel le chef d’état-major était traité de « traître ». À la télévision nationale, les commentateurs ont évoqué « un hommage exceptionnel pour un homme exceptionnel » qui a « inscrit son nom en lettres d’or dans l’histoire de l’Algérie ».