Face à la hausse des prix sur le marché intérieur, le gouvernement indien a décidé vendredi de suspendre les exportations de farine de blé. En mai déjà, l’export de blé avait été interdit. C’est maintenant le riz brisé qui pourrait subir le même sort, faisant peser un risque sur la sécurité alimentaire mondiale.
Avec notre correspondant à Bangalore, Côme Bastin
Comme tous les habitants, Madama, 28 ans, subit depuis des mois l’inflation alimentaire. « C’est là que je vais acheter mes produits de base pour la cuisine. Et regardez, le riz et la farine de blé augmentent chaque semaine. Le kilo de riz est à 70 roupies [0,88 euro] alors qu’avant, c’était 50 roupies [0,63 euro]… »
L’arrêt de l’exportation du blé décidé en mai par le gouvernement indien a provoqué en retour une hausse de 200 % des exportations de farine. Les prix de la farine ont logiquement explosé en Inde, atteignant plus de 300 euros la tonne. De retour chez elle, Madama a deux enfants à nourrir alors que son mari est un modeste chauffeur de rickshaw. « Avec cette hausse des prix, je ne peux plus faire autant de pain qu’avant pour nourrir ma famille, témoigne-t-elle. Nous ne sommes pas affamés, mais cela prend une part croissante dans nos dépenses quotidiennes. Sans oublier l’essence qui coûte elle aussi très cher. »
La sécurité alimentaire en jeu
Les moussons ont provoqué de mauvaises récoltes et l’Inde envisage désormais de restreindre les exportations de riz brisé pour maintenir sa « sécurité alimentaire ». Le riz entier type basmati ne devrait lui pas être affecté.
L’Inde avait pour objectif d’expédier 10 millions de tonnes de farine cette année. Une bonne partie serait allée à d’autres pays en développement comme l’Indonésie, les Philippines et la Thaïlande.