Attaque à Strasbourg: ce que l’on sait

Le bilan provisoire de l’attentat qui a frappé le marché de Noël de Strasbourg mardi 11 décembre est de trois morts, 8 blessés graves et 5 blessés légers. Le gouvernement a porté le niveau du plan « vigipirate » à « urgence attentat ». Il était 19h50 lorsqu’un individu armé est entré dans le périmètre du marché de Noël et a ouvert le feu. Un conseil restreint de défense doit se tenir après le conseil des ministres ce mercredi 12 décembre. « La motivation terroriste de l’acte n’est pas encore établie », a déclaré le secrétaire d’Etat français à l’Intérieur.

♦ Les lieux de l’attaque

La vieille ville de Strasbourg où se tient le marché de Noël est ceinturée par les eaux. On accède à ce centre historique, nommé la grande île, par des ponts. L’individu armé est arrivé par le pont du Corbeau, avant de se diriger vers la rue des Orfèvres, une artère très animée, située à quelques pas de la cathédrale et du marché de Noël.

C’est dans cette rue, peuplée de nombreuses terrasses et restaurants, que l’individu, équipé d’une arme automatique a débuté son périple meurtrier, faisant une première victime, blessant d’autres personnes. Selon le ministère de l’Intérieur, il y a eu trois scènes de coups de feu.

♦ Réaction rapide des forces de l’ordre

Le centre historique immédiatement était bouclé par les forces de l’ordre. Tous les témoins ont été frappés par la rapidité de la réaction des forces de l’ordre. Dès les premiers coups de feu tirés, des policiers municipaux, des CRS, des militaires en armes de l’opération sentinelle, ont afflué vers le lieu de la fusillade, suivi dans leur sillage par des véhicules de secours.

Les passants ont été mis à l’abri, évacués ou confinés dans les restaurants qui, très vite, ont bouclé leurs portes à l’appel de la Préfecture. Un point de regroupement des victimes a été installé place Kléber, le plan blanc a été déclenché pour mettre en alerte les hôpitaux. Le confinement n’a été levé qu’au milieu de la nuit.

Par deux fois, l’assaillant a échangé des coups de feu avec les forces de sécurité. Entre 20h20 et 21h00, l’homme a fait feu sur les soldats du dispositif « Sentinelle » qui patrouillaient dans la vieille ville. Les soldats ont alors riposté. Lors de ces échanges de tirs, l’assaillant a été blessé, l’un de ces militaires a également été légèrement blessé à la main par le ricochet d’un tir.

♦ Tireur en fuite

Le tireur a néanmoins réussi à prendre la fuite. 350 policiers, des hommes du raid, des militaires appuyés par deux hélicoptères sont à ses trousses. Ce mercredi matin, la traque se poursuit. Toute l’agglomération strasbourgeoise est quadrillée.

Des moyens supplémentaires ont également été mobilisés et sont en cours d’acheminement a indiqué le ministre de l’Intérieur Christophe Castaner, qui, dès hier soir s’est rendu sur place. Des cellules psychologiques ont été mises en places pour accueillir celles et ceux qui ont besoin de partager a également précisé Christophe Castaner. Tous les évènements prévus à Strasbourg aujourd’hui ont été annulés pour permettre aux forces de l’ordre de se mobiliser totalement dans la recherche du tireur.

Après l’attaque, les autorités allemandes ont réagi. La police fédérale dans le Bade-Wurtemberg contrôle les passages frontaliers entre les deux pas. Une ligne de tramway reliant les deux pays a été interrompue. Les autorités allemandes recommandent d’éviter la zone frontalière près de Kehl.

♦ Fiché S

Le tireur a été identifié. Fiché S, il se prénomme Chérif et a 29 ans. Il est né et vit à Strasbourg, et selon les autorités, il est connu de la justice pour des faits de droits communs, des faits de violence en France mais aussi en Allemagne, où il avait été condamné pour vol aggravé. Mais il apparaissait également sur le Radar de la Direction générale de la sécurité intérieure, fiché pour radicalisation.

Dès 22h hier, la section antiterroriste du parquet de Paris, seule compétente en France pour ces crimes, a décidé de se saisir des faits. Elle a ouvert une enquête pour assassinats, tentatives d’assassinats en relation avec une entreprise terroriste et association de malfaiteurs terroristes criminelle. Ce mercredi matin on sait que l’individu recherché s’était fait remarquer par sa violence et son prosélytisme religieux en détention, d’où la surveillance dont il faisait l’objet.

 Perquisition avant les faits

Une surveillance qui a conduit à une perquisition à son domicile dans la matinée hier, avant les faits donc. Une perquisition dans le cadre d’une enquête pour tentative d’homicide. Il ne se trouvait pas chez lui à ce moment et les policiers n’ont donc pas pu l’interroger. Mais, à son domicile, ils ont trouvé des grenades et interpelé cinq personnes. Et ce matin, la question se pose : cette opération de police a-t-elle était l’élément déclencheur de ce périple meurtrier ?

L’individu « n’a jamais été connu pour des délits liés au terrorisme », a précisé le secrétaire d’Etat à l’Intérieur Laurent Nuñez, qui appelle à la « plus grande prudence » sur la qualification des faits. « La motivation terroriste de l’acte n’est pas encore établie », a-t-il déclaré sur France Inter. L’homme était suivi par les services de renseignements après la détection d’une « radicalisation dans sa pratique » religieuse mais n’avait jamais donné « de signe de passage à l’acte ».

 

RFI