L’Australie a annoncé, jeudi 5 août, qu’elle indemnisera à hauteur de 75 000 dollars australiens (46 853 euros) certains membres de la « génération volée », des Australiens aborigènes qui ont été retirés de force de leur famille lorsqu’ils étaient enfants.
L’annonce a été faite le Premier ministre, Scott Morrison, afin de réparer ce qu’il a décrit comme une période « honteuse » de l’Histoire du pays. Des milliers de jeunes aborigènes et insulaires du détroit de Torres ont été arrachés à leur foyer et placés dans des familles d’accueil blanches dans le cadre de politiques officielles d’assimilation qui ont perduré jusque dans les années 1970.
« Nous avons déjà confronté cela en présentant des excuses nationales, mais nos actes doivent continuer à correspondre à nos paroles », a affirmé Scott Morrison. Les récits des souffrances causées ne sont « pas simplement des histoires du passé, mais des histoires qui continuent à se répercuter à travers les générations ».
Il avait fallu attendre 2008 pour que le gouvernement leur dise officiellement pardon, et donc 13 ans de plus pour qu’il leur verse des réparations, rapporte notre correspondant à Sydney, Grégory Plesse.
Les 3 600 survivants de la « génération volée » issus du Territoire du Nord, de Canberra et de Jervis Bay, aujourd’hui tous octogénaires, ou presque, vont recevoir quelques dizaines de milliers d’euros chacun pour avoir été séparés de leurs parents biologiques lorsqu’ils étaient enfants.
Si certains d’entre eux estiment qu’aucune somme d’argent ne pourra leur rendre leur enfance volée, le sentiment qui se dégage est quand même celui de la victoire face à un gouvernement qui a longtemps esquivé le sujet.
C’était devenu impossible depuis avril, puisqu’un groupe de survivants avait décidé d’attaquer le gouvernement en justice dans le cadre d’une action de groupe. Il n’est pas encore dit que celle-ci soit abandonnée, car seuls les représentants directs de la « génération volée » seront indemnisés, et non les descendants de ceux déjà décédés.