Brexit: Boris Johnson dans la tourmente, nouvelle épreuve de force au Parlement

Les députés britanniques ont infligé une défaite cinglante à Boris Johnson. Avec l’aide de rebelles conservateurs, l’opposition a saisi l’agenda parlementaire et va tenter de faire adopter ce mercredi 4 septembre une loi pour empêcher un Brexit sans accord le 31 octobre. Le Premier ministre a immédiatement annoncé son intention de pousser pour des élections anticipées.

Avec notre correspondante à Londres,Muriel Delcroix

La journée s’est avérée désastreuse mardi pour le Premier ministre et ses conseillers, qui ont vu leur stratégie battue en brèche par les députés malgré les menaces et les pressions. « It’s not a good start Boris ! » [« Ça commence mal ! »] a crié triomphalement un député de l’opposition juste après le résultat du vote mardi soir, qui permet à la Chambre des Communes de reprendre la main sur l’agenda parlementaire.

Un vote obtenu avec l’appui de 21 rebelles conservateurs qui, par mesure de rétorsion, ont été immédiatement exclus du parti bien que se trouvent parmi eux des personnalités éminentes comme Philip Hammond, il y a encore quelques semaines ministre des Finances, le patriarche du Parlement Ken Clarke et aussi Sir Nicholas Soames, le petit-fils de Winston Churchill.

Les partis d’opposition avec l’aide de 21 conservateurs devraient tenter ce mercredi de faire adopter une loi obligeant Boris Johnson à demander au bloc européen de retarder encore une fois le Brexit jusqu’au 31 janvier s’il n’a pas conclu un nouvel accord avec Bruxelles d’ici le 19 octobre.

Furieux, le Premier ministre a immédiatement prévenu qu’il était hors de question qu’il aille plaider pour une nouvelle extension et que, même s’il ne le souhaitait pas, il allait tenter de déclencher un scrutin anticipé. Mais il a besoin pour cela d’obtenir l’approbation des deux tiers du Parlement, ce qui est loin d’être gagné.

Le Labour à la manœuvre

Le parti travailliste pourrait lui mettre des bâtons dans les roues. Le leader du Labour Jeremy Corbyn a redit qu’il était prêt à affronter son adversaire conservateur lors d’élections anticipées, mais qu’il fallait d’abord que la loi empêchant un Brexit sans accord que les députés veulent faire adopter entre aujourd’hui et lundi prochain soit votée pour éviter une sortie chaotique de l’UE.

Les travaillistes ne font en effet absolument pas confiance à Boris Johnson et craignent qu’il annonce des élections, mais qu’il tende en fait un piège à l’opposition en programmant un scrutin (avec apparemment en tête la date du 15 octobre selon la BBC) et décide ensuite de le reporter après le 31 octobre, et donc après un Brexit sans accord.

Si les travaillistes ne votent pas pour des élections anticipées, Boris Johnson se retrouve alors dans une situation incroyablement compliquée ayant suspendu le Parlement et désormais sans majorité après la défection spectaculaire d’un de ses députés mardi.

Rfi