C’est ce mercredi soir 9 décembre que le Premier ministre britannique et la présidente de la Commission européenne vont s’entretenir à Bruxelles. Une rencontre très attendue. Ils doivent dîner ensemble alors que la négociation post-brexit a été placée sous perfusion suite à leurs deux entretiens téléphoniques samedi et lundi. Ces entretiens ont maintenu la tête hors de l’eau à ces négociations, mais depuis leur relance dimanche elles patinent toujours sur les trois pierres d’achoppement identifiées dès le départ: la pêche, le règlement des différends futurs et les conditions commerciales équitables.
vec notre correspondant à Bruxelles, Pierre Benazet et notre correspondante à Londres, Muriel Delcroix
Ce mardi, Boris Johnson a dit « croire au pouvoir de la raison ». Mais il a prévenu : la situation est « très difficile ». Pour remercier Ursula von der Leyen de son invitation à dîner, le Premier ministre britannique va pouvoir lui présenter sur un plateau l’accord survenu ce mardi au sujet de l’Irlande du Nord. L’annonce du retrait des articles controversés de la future loi sur le marché interne survient à l’issue de la saisine par l’UE du comité conjoint euro-britannique, celui qui gère l’accord de sortie. À Bruxelles, personne ne voit une coïncidence dans cette concession faite par Downing street.
Pas de concession supplémentaire de l’UE
Une concession donc concernant l’Irlande du Nord mais pour en contrepartie en obtenir d’autres des Européens dans cette négociation post-Brexit qui n’en finit pas.
L’Irlande y voit d’ailleurs l’espoir d’un déblocage. C’est toutefois une hypothèse qui n’est pas partagée par tous à Bruxelles. D’abord, parce que c’est Ursula von der Leyen qui aurait insisté pour que cette rencontre se tienne face à un Boris Johnson de plus en plus ouvertement dubitatif. Ensuite, parce que le négociateur européen Michel Barnier a clairement averti que l’UE ne pouvait faire aucune concession supplémentaire, car ce serait mettre en danger le marché unique européen.
La crainte des pêcheurs français
Les négociations, qui patinent, suscitent la crainte des pêcheurs français. Interrogé ce mardi après-midi par les parlementaires, Clément Beaune, le secrétaire d’État aux Affaires européennes, s’est montré déterminé. Pour lui, un accord « à tout prix » n’est pas envisageable.
« Les points qui restent difficiles sont connus, explique-t-il. Ils sont précisément ceux sur lesquels nous défendons nos intérêts : la question des conditions de concurrence équitable dans tous les domaines y compris d’ailleurs celui de la pêche, les questions de gouvernance et puis bien sûr, cette question spécifique de la pêche qui est sans doute la plus importante. »
Récemment en déplacement en Normandie avec Annick Girardin, la ministre de la Mer, Clément Beaune sera bientôt en Bretagne pour défendre les intérêts des pêcheurs français. Pour le secrétaire d’État aux Affaires européennes, un « no deal » serait catastrophique.
« Je rappelle que le Premier ministre, la semaine dernière a annoncé dans toutes les hypothèses la mise en place, en plus du plan de relance, d’un plan d’accompagnement pour le secteur de la pêche. Nous ne laisserons pas tomber la pêche française », précise Clément Beaune.
Vers une reprise des négociations ?
De l’issue de cette rencontre ce mercredi soir dépendra en tout cas la survie d’une perspective d’accord sur la future relation euro-britannique. On ne s’attend pas pour autant à avoir un accord conclu lors de ce dîner, mais plutôt la reprise des négociations vendredi en cas d’avancée.
Les dirigeants des 27 seront, eux, informés d’éventuels progrès ou d’un échec qui pourrait alors déclencher les mesures d’urgence prévues par le bloc européen en cas de « no deal ».