Le Premier ministre britannique Boris Johnson a annoncé ce jeudi soir qu’il accorderait plus de temps au Parlement pour débattre de son accord de Brexit, à condition que les députés acceptent des élections générales anticipées le 12 décembre.
Si les députés veulent « plus de temps pour étudier » l’accord de Brexit conclu avec Bruxelles, « ils peuvent l’avoir, mais ils doivent approuver des élections législatives le 12 décembre », a déclaré Boris Johnson dans un entretien avec la BBC.
Le Premier ministre britannique est coincé. Il voulait absolument quitter l’Union européenne le 31 octobre, ce qui n’arrivera pas, et il s’attend à ce que Bruxelles accorde ce vendredi au Royaume-Uni un report du Brexit, probablement jusqu’à la fin janvier. En proposant aux députés de débattre sur son accord et sa loi de Brexit jusqu’au 6 novembre, soit six jours de plus que prévu, seulement s’ils acceptent un scrutin anticipé, Boris Johnson se livre à un véritable chantage.
Brexit: un vote des députés britanniques compromet une sortie le 31 octobre
Surtout, il n’est pas en son pouvoir de déclencher des élections, rappelle notre correspondante à Londres, Muriel Delcroix. C’est au Parlement de décider par un vote et il lui faut obtenir deux tiers des voix pour cela, alors que le dirigeant a perdu sa majorité. En prenant cette initiative très médiatisée, Boris Johnson fait semblant de contrôler la situation et de reprendre la main face aux députés pour faire oublier qu’il est sur le point de trahir sa promesse maintes fois répétée de quitter l’Union européenne dans exactement une semaine.
Pour l’instant le parti travailliste cherche à gagner du temps pour réfléchir. Il dit vouloir attendre de connaître la longueur de l’extension accordée par Bruxelles demain. Mais on soupçonne que le Labour ne mordra pas à l’hameçon, car bien que son leader Jeremy Corbyn veuille une élection, beaucoup au sein de son parti ne souhaitent pas un scrutin trop tôt, qui plus est juste avant Noël et alors que les sondages ne lui sont pas favorables.
S’il perd le vote lundi pour ces élections anticipées, Boris Johnson menace en tout cas de continuer à essayer sans relâche et de ne rien faire d’autre. Bref, le gouvernement se mettrait en grève, car, de fait, Boris Johnson se retrouve actuellement pris au piège à Downing Street sans marge de manœuvre.
Rfi