Le débat a été agité en Egypte où se joue la Coupe d’Afrique des Nations (CAN). Et n’eut été la victoire des ‘’Lions’’ de la Téranga, elle se serait poursuivie de plus belle.
En fait, que reproche-t-on aux joueurs sénégalais ? Selon en tout cas le coach français du Kenya, Sébatien Migné, les joueurs sénégalais auraient ‘’un mental faible’’. Vous imaginez ? Des Lions au mental faible ! Un débat qui, agité çà et là, a eu des effets collatéraux chez nous.
Depuis, l’entraineur en question aurait fait son mea culpa, tout en précisant sa pensée.
En réalité, il s’agissait, ni plus ni moins que d’une bataille psychologique qu’il fallait gagner. Le souhait de Migné était justement de déstabiliser davantage des Lions blessés. Il était dans son rôle.
En fait, nous parlons peu de football dans cette chronique parce qu’en fait, nous n’y connaissons rien. Nous ne sommes pas Abdoulaye Diaw à qui nous souhaitons une longue vie jusqu’à assister, un jour, à la victoire finale du Sénégal.
Mais nous sommes Sénégalais, observons nos concitoyens et croyons savoir là où se situe le problème. Mais auparavant, rendons hommage à Sadio Mané qui, du fait de son comportement dans le jeu, a rétabli, une certaine vérité psychologique.
En effet, en prenant le risque de tirer à nouveau le pénalty après avoir raté le premier et connaissant les conséquences dramatiques qui peuvent découler d’un nouvel échec, il a démenti Migné et tous ceux qui pensaient que nos joueurs avaient un mental faible.
D’ailleurs, un de nos reporters, à la rédaction, a dû s’éclipser, parce que n’osant pas regarder Sadio Mané tirer le second pénalty. Mais l’homme a démontré, magistralement, qu’il a la tête sur les épaules. Et tous les joueurs qui l’ont soutenu en le poussant à le faire nous ont envoyé un message clair : ‘’Apprenez à nous faire confiance !’’
C’est dire que ce geste, à lui seul, en dit long sur le caractère de ces jeunes qui, pour la plupart, ont démontré leurs talents sur les stades du monde entier.
Le contraire serait étonnant, car un ‘’mental faible’’ découle forcément d’un complexe surtout d’infériorité et rien dans le parcours des Lions ou dans l’histoire de leur peuple ne les y prédispose.
S’agissant d’un éventuel complexe de supériorité, les joueurs ont toujours réfuté ce statut de faveur qu’on leur a collé à la peau, disant eux-mêmes avoir conscience de n’avoir encore rien gagné.
Alors, revenons-en au ‘’problème’’. Nous croyons savoir que le Sénégalais est, en général, très distrait. Nous manquons de concentration, le fait de prendre les choses au sérieux.
Cela arrive dans tout ce que l’on fait et occasionne, c’est le cas de le dire, beaucoup d’accidents sur nos routes. Par exemple, nous ne sommes pas sûr que Sadio Mané avait pris très au sérieux le pénalty qu’il avait tiré en premier et qu’il avait raté.
Ce ‘’mal’’ nous empêche de respecter l’heure, nous pousse à venir en retard aux rendez-vous, à prendre la vie avec beaucoup de désinvolture parfois.
C’est pourquoi, d’ailleurs, c’est généralement lorsque l’équipe est menée qu’elle joue mieux, prenant vraiment les choses au sérieux.
Quelqu’un me dira que c’est, là, un problème de mental. Peut-être, mais, chez nous, on aime prendre du plaisir dans ce que l’on fait, ne pas se stresser, prendre son temps. En somme, ici, rien n’est vraiment ‘’grave’’, ‘’c’est la volonté de Dieu’’.
C’est pour cela que dès qu’il y a un rendez-vous sérieux, y compris sportif, on se met à soulever de faux problèmes du genre ‘’Diatta n’est pas beau’’. Ce garçon qui a tout donné à son pays lors du premier match du Sénégal ne méritait pas un tel lynchage. Mais, c’est cela le Sénégal…
Or, pour réussir, il faudra plus. Du travail, de la concentration, du sérieux, de la rage de vaincre et de l’effort constant.
C’est dire que tout ne va pas reposer sur l’entraineur. Ce n’est pas lui qui marque les buts, même s’il a en charge la stratégie et les tactiques. La matérialisation incombe à l’équipe dont chacun, en ce qui le concerne, doit assumer toutes ses responsabilités, à chaque instant.
C’est seulement dans cette dynamique que des victoires seront encore possibles.