A Gênes, 664 personnes ont été évacuées des immeubles qui se trouvent sous le pont, dans le quartier de Sanpierdarena. La plupart sont hébergées chez des parents ou amis, ou dans des hôtels, en attendant d’être relogées. Désormais les gens, partis souvent les mains vides, peuvent revenir chercher quelques affaires. Les pompiers ont installé un barrage au bout d’une longue rue bordée de platanes. Reportage.
Avec notre envoyée spéciale à Gênes, Juliette Gheerbrant
Une table à l’ombre d’un camion de sapeurs-pompiers. Des listes de noms. Un homme d’une trentaine d’année veut se rendre chez lui mais l’appartement est au nom de son amie, qui n’est pas là, il se fait refouler.
Les consignes sont strictes, les gens viennent s’inscrire puis repartent attendre leur tour de l’autre côté du barrage. Fabio Barrone, short et polo chic, s’occupe de l’appartement de sa mère, il est déjà venu ce matin.
« J’ai pris les choses un peu comme ça, ne sachant pas trop où elle range ses affaires, explique-t-il. Maintenant on revient surtout pour les médicaments. »
Un peu plus loin, Anna Guzzetta, petite femme replète de 68 ans, se réjouit d’être seulement locataire de son appartement, convaincue qu’elle n’y reviendra pas. Elle s’active, pliant et dépliant d’immenses sacs poubelles.
« Eh oui ! [c’est] pour aller plus vite, parce que comme ça on pourra récupérer plus de choses en peu de temps. Tout ce qu’on pourra. Si tout s’écroule, ce qu’on ne pourra pas prendre finira sous les décombres… »
« On revient, on ne revient pas ? »
En principe les gens ne peuvent passer que 10 minutes dans leur appartement, mais en réalité les pompiers ne les bousculent pas, comme en témoigne Larissa Smernova, 77 ans, qui attend un taxi avec son mari entourée de trois valises et deux sacs de voyage : « Avec nous, ils se sont comporté très bien, ils nous ont laissé le temps de prendre nos affaires, ils ont dit que demain il fallait qu’on vienne vider le frigo. Ils ont été très gentils. Sauf que pour l’instant, on ne comprend rien… On revient, on ne revient pas ? IIs démolissent, ils démolissent pas ? On ne le sait pas. »
Jeudi les autorités ont promis que toutes les familles seraient relogées d’ici à la fin du mois d’octobre.
Ce samedi, auront lieu les obsèques des victimes, célébrées par l’archevêque de Gênes dans un pavillon du parc des expositions de la ville. Des funérailles d’Etat où sont attendu l’ensemble du gouvernement ainsi que le président de la République Sergio Matarella. Selon des médias italiens citant des sources à la préfecture, 10 à 20 personnes sont encore portées disparues.