Ce qu’il faut retenir de l’interview de Macron au 13h de TF1

LE SCAN POLITIQUE – Réforme de la SNCF, blocage des universités, retraités et CSG, situation des hôpitaux et des Ehpad, limitation à 80 km/h, guerre en Syrie… Retrouvez les déclarations les plus importantes du chef de l’État, invité du 13h de Jean-Pierre Pernaut.

●  Réforme de la SNCF: «On ira au bout»

Affirmant que «l’opinion n’est pas un objectif en soi», Emmanuel Macron a promis d’«aller au bout» de la réforme de la SNCF, jugée «indispensable». «Je demande des efforts à un peu tout le monde pour construire le chemin de fer de demain», a exhorté le chef de l’État, estimant que les usagers ont déjà apporté leur contribution puisqu’ils «ont payé» à travers l’augmentation des prix.

Après avoir «garanti» que la SNCF restera une entreprise publique «à 100% de capitaux d’État», il s’est engagé à inscrire cette promesse «dans la loi». Interrogé sur l’éventuel rachat de la dette de la SNCF, Emmanuel Macron a annoncé que l’État ne pouvait «pas porter 50 milliards», il a annoncé la dette sera «pour partie progressivement reprise», et que des ajustements seront ensuite faits à mesure que les réformes avanceront. Il a également assuré que l’État allait «investir 10 millions d’euros par jour», et n’a pas exclu que de nouvelles lignes soient éventuellement ouvertes.

Enfin, évoquant la fin du statut des cheminots, il s’est défendu de tout «mépris» à l’égard de cette profession, rappelant que c’était celle de son grand-père. «Je ne partage pas ceux qui voudraient opposer les usagers et les cheminots, on ne fait pas avancer le pays en opposant les uns aux autres», a-t-il martelé. «Tous les cheminots aujourd’hui en emploi resteront sous le statut», a-t-il assuré, refusant toutefois d’embaucher «les jeunes de 25 ans» aux mêmes conditions que leurs aînés.

«Il ne faut pas de mensonges ou de fausses peurs. (…) J’appelle au calme. La bonne réponse n’est pas d’arrêter la réforme mais de la faire ensemble», a-t-il conclu, en s’adressant aux syndicats qu’il «respecte» et qui «ont leur place».

● Blocage des universités: «Il n’y aura pas d’examen en chocolat»

«Les professionnels du désordre doivent comprendre qu’on est dans un état d’ordre», a-t-il martelé, alors que plusieurs universités connaissent actuellement des perturbations ou des blocages. «Ce ne sont pas des étudiants mais des agitateurs professionnels (…) Ils doivent comprendre que nous sommes dans un état de droit.» Aux étudiants, il les appelle à réviser leurs examens. Car «il n’y aura pas d’examen en chocolat dans la République», a-t-il prévenu.

● Hôpitaux: «On va plus investir»

Le dossier de l’hôpital, «c’est une priorité», a-t-il martelé. «Je ferai à l’été des annonces. On va mettre plus de moyens». «Il faut réorganiser le système de soins. On va plus investir, réorganiser l’hôpital et faire plus pour le personnel». «À l’hôpital, il y a des situations de très grand stress quand les urgences sont saturées. Beaucoup vont d’abord aux urgences comme premiers soins, dès qu’il y a quelque chose». «On doit avoir un système d’accès aux soins d’urgence où l’on permet aux gens de bien faire leur travail, pas payé à l’acte. On va plutôt rémunérer le parcours de soins», a-t-il ajouté.

Emmanuel Macron s’est également exprimé au sujet des Ehpad (les établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes). «Ce sont des établissements avec des personnes de plus en plus dépendantes. Il va falloir de plus en plus les médicaliser», a-t-il affirmé, insistant sur «une transformation profonde». «On sera au rendez-vous», promet-il.

● «Je n’ai jamais pris un retraité pour un portefeuille»

Emmanuel Macron a répondu aux retraités, souvent considérés comme les grands sacrifiés du début du quinquennat. Le chef de l’État a tenu à rappeler que seuls 60% des retraités étaient touchés par la hausse de la CSG, tout en rappelant qu’il s’agissait d’une de ses promesses de campagne. «Votre génération part au même âge que vos parents mais vous allez vivre dix, quinze ans de plus. Et aujourd’hui, avec le chômage, on a des millions de gens qui ne participent pas [à payer] votre retraite», leur a indiqué Emmanuel Macron. Le chef de l’État les a «remerciés» pour cet «effort», en assurant qu’il n’avait «jamais pris un retraité pour un portefeuille». Il a aussi affirmé que la suppression de la taxe d’habitation allait contrebalancer la hausse de la CSG. «Vous allez vous y retrouver l’un dans l’autre», leur a-t-il promis.

● 80 km/h: «Si ça ne marche pas, on ne continuera pas»

Sur la limitation de la vitesse à 80 km/h sur les routes secondaires, le président a lâché du lest à peu de frais. «Notre sang s’est échauffé sur cette affaire», a-t-il d’abord constaté. «On peut dire que c’est une mesure technocratique, mais elle aura montré son utilité». Confirmant qu’il y aurait «expérimentation» des 80 km/h sur tout le territoire à partir du 1er juillet, Emmanuel Macron a annoncé que si au bout de «deux ans», la mesure ne prouvait pas son efficacité, elle serait annulée. «Si ça ne marche pas, on ne continuera pas», a-t-il assuré. Le chef de l’État a pris deux engagements: reverser l’argent récolté via les excès de vitesse, sur les routes concernées, aux hôpitaux qui soignent les accidentés de la route ; et rendre «transparents les résultats» de ladite expérimentation.

● «On n’abandonne pas du tout la ruralité»

«Il n’y a pas “une fracture” entre la France des villes et la France des champs», a assuré Emmanuel Macron, jugeant que la situation était «plus compliquée que cette caricature entre ville et champs». «Il y a une France des métropoles, qui réussit dans la mondialisation, où on vit bien (…). Juste à côté, il y a une France des quartiers, qui vit très difficilement, un peu ghettoïsée (…). Il y a une France périphérique, qui vit mal (…). Il y a une France rurale, qui perd des habitants mais il y a aussi une France qui gagne des habitants (…)». Citant le «magnifique exemple de Berd’huis», il a affirmé que son gouvernement «s’engage dans le rural». «On n’abandonne pas du tout la ruralité, ce n’est pas vrai», a-t-il conclu.

● Taxe d’habitation: «Les communes auront une compensation à l’euro»

Emmanuel Macron a assuré qu’il était «faux de dire que les communes perdront de l’argent» à cause de la suppression de la taxe d’habitation. «Les communes auront une compensation à l’euro», a-t-il martelé. Il a également expliqué pourquoi il avait décidé de supprimer la taxe d’habitation pour 100% de la population, et non plus 80% de la population comme c’était initialement prévu dans son programme: «Si un impôt n’est pas bon pour 80%, il n’est pas bon pour tous». «Je n’ai aucun regret (là-dessus)», a-t-il assuré. Enfin, interrogé sur les dotations aux petites communes, il s’est défendu: «Toutes les majorités précédentes, toutes, y compris ceux qui dénoncent ma politique vis-à-vis des petites communes (avaient baissé les dotations aux petites communes). (Sous ma présidence,) toutes (les petites communes) ont eu leurs dotations maintenues».

● Suppression des charges sur l’intéressement pour les PME

«Je veux retrouver le coeur de ce qu’est une entreprise. Tout le monde, quand ça va mieux, doit pouvoir en profiter: au 1er janvier prochain, dans toutes les entreprises en-dessous de 250 salariés, il n’y aura plus de forfait social sur l’intéressement distribué», a-t-il annoncé.«Plus de 10 millions de salariés» sont concernés, avance-t-il. «C’est une avancée».

● Un credo: «libérer, protéger, unir»

Bien qu’il assure «entendre les inquiétudes légitimes» des Français, Emmanuel Macron veut poursuivre le rythme des réformes. «Le monde va à toute allure», a-t-il justifié. «Je fais ce que j’ai dit, on était peut-être plus habitué» en France, a-t-il souligné. «On a mis en place des réformes attendues depuis des années comme la simplification du droit du travail», a-t-il estimé. Régulièrement taxé de «président des riches», voire président de droite, Emmanuel Macron a coupé court. «La politique, ce n’est pas une pincée de sel ou une pincée de poivre en plus. Un peu plus de social, un peu moins de social», a-t-il voulu rappeler, en mettant en avant un nouveau credo: «libérer, protéger, unir». «Il n’y a pas de politique de justice possible si on ne produit pas d’abord. C’est le fameux en même temps», a-t-il théorisé.

● Retenir en France les «premiers de cordée»

«Quand les gens gagnent de l’argent dans notre pays, tant mieux pour eux. Cet argent, ils le réinvestissent dans les start-up, par exemple», a-t-il assuré, reprenant la métaphore du «premier de cordée». «La cordée est solide, c’est notre pays. Ce n’est pas vrai qu’on est injuste. Les gens voudraient qu’on distribue de l’argent aux plus modestes. Mais qui le paye? Vous et vos impôts. Il faut qu’on mène ceux qui réussissent à réussir mieux et plus vite. Sinon, ils s’en vont ailleurs et on perd des richesses. Ces premiers de cordée doivent aider le pays, en investissant ici, en embauchant ici», a martelé Emmanuel Macron. «Moi je veux que ceux qui n’ont pas de travail puissent en retrouver un, qu’ils soient handicapés, âgés… Je veux qu’on redevienne un pays de progrès pour tous».

● Contre le salafisme, «on se sera intraitable»

«Le salafisme», «l’extrémisme», «l’islamisme», «c’est un problème dans notre pays qu’il ne faut pas confondre avec tous nos citoyens qui croient en l’Islam», a-t-il assuré, mettant en garde contre les amalgames. Les mosquées «qui prêchent des choses qui ne sont pas conformes aux lois de la République» seront fermées, a promis le chef de l’État. «Je ne veux plus de mosquées qui s’ouvrent avec des financements cachés», a-t-il expliqué, précisant que ce sujet a été discuté lors de sa rencontre en début de semaine avec le prince héritier saoudien. Enfin, il rappelle que le gouvernement va aussi faire en sorte de «mieux contrôler» les écoles privées hors contrat.

● Syrie: «Nous avons la preuve que des armes chimiques ont été utilisées»

«Nous avons la preuve que, il y a près de dix jours, des armes chimiques ont été utilisées – au moins du chlore – par le régime de Bachar el-Assad», a affirmé Emmanuel Macron. En contact quasi-quotidien avec son homologue américain Donald Trump, le président affirme qu’il y aura des «décisions à prendre en temps voulu, quand ce sera le plus utile et efficace». En attendant, il a établi un plan en cinq étapes. «Un, lutter contre le terrorisme jusqu’au bout ensemble, dans la coalition. Deux, s’assurer que le droit international soit respecté, et assurer le cessez-le-feu pour les populations civiles. Trois, l’accès humanitaire, aider les ONG à sortir les populations civiles pour ne plus jamais revoir les images atroces des crimes que nous avons vues. Quatre, enlever les moyens d’intervention chimique du régime. Cinq, préparer la Syrie demain parce que c’est cela qui permettra la paix, la transition vers un régime libre ou toutes les minorités seront représentées», a-t-il détaillé. «En aucun cas la France ne laissera une escalade ou quoi que ce soit qui endommagerait la stabilité de la région», a-t-il martelé.

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