Le rôle croissant que jouent les villes met les dirigeants du monde face à la responsabilité de les adapter aux conditions climatiques extrêmes.
Les villes contribuent grandement aux changements climatiques — mais elles ont aussi le pouvoir de changer la donne. Elles sont l’un des principaux éléments pour faire face à la crise des changements climatiques et certaines le font déjà grâce à une utilisation judicieuse de données scientifiques amassées. D’autres villes doivent toutefois suivre les traces de celles qui prennent des mesures.
Il ne fait aucun doute aujourd’hui que le désir et la capacité de changement à l’échelle mondiale sont élevés, comme en témoignent les millions de personnes qui, dans le monde entier, descendent dans la rue pour réclamer des mesures face à l’urgence climatique.
Cet appel à l’action est à l’avant-plan de la 25e Conférence des Parties (COP25) à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques qui a lieu du 2 au 13 décembre à Madrid, en Espagne.
Cette réunion annuelle cruciale rassemble la communauté internationale afin d’échanger des solutions, de dynamiser l’élan et de suivre les progrès accomplis dans la réalisation des engagements climatiques de l’Accord de Paris.
“D’ici 2050, environ les deux tiers de la population mondiale vivront dans des villes. Plus de la moitié de la population mondiale y habite déjà et c’est là où se concentre également une grande partie de l’infrastructure, des biens et de l’activité économique”
Santiago Alba-Corral et Julie Crowley
Nous devons saisir ces occasions de collaborer et d’échanger des solutions alors que l’ampleur et la fréquence des crises provoquées par les changements climatiques continuent d’augmenter.
En Afrique, et plus particulièrement dans le Sahel, les conséquences des changements climatiques sont réelles et bouleversent lourdement les modes de subsistance des communautés : pertes de récoltes, fréquence et intensité accrues des inondations, accroissement des risques de maladies du bétail, augmentation des épidémies de maladies infectieuses auxquelles les enfants sont particulièrement sensibles et augmentation de la récurrence des sècheresses avec des pénuries d’eau plus fréquentes dans les systèmes d’approvisionnement urbains et agricoles.
Pour des Etats dont les économies nationales dépendent encore largement de la pluviométrie, les changements climatiques constituent une entrave sérieuse à l’atteinte des Objectifs de développement durable (ODD) et ceux de l’Agenda 2063 de l’Union africaine. Il est temps d’agir.
Renforcer l’action climatique dans les villes
Pourquoi cibler les villes, et pourquoi maintenant ? En raison de l’accélération du rythme de l’urbanisation. D’ici 2050, environ les deux tiers de la population mondiale vivront dans des villes. Plus de la moitié de la population mondiale y habite déjà et c’est là où se concentre également une grande partie de l’infrastructure, des biens et de l’activité économique.
Les villes consomment 78 % de l’énergie mondiale et elles sont responsables de plus de 60 % des émissions de gaz à effet de serre. Pourtant, elles ne couvrent que deux pour cent de la surface de la Terre.
Des données probantes solides sont disponibles pour informer les gouvernements locaux et nationaux afin qu’ils conçoivent des villes résilientes et atténuent leurs répercussions. Pour les habitants les plus vulnérables des villes et des périphéries, en particulier les femmes et les filles, il peut s’agir d’une question de vie ou de mort.
Les villes doivent investir dans la recherche pour comprendre les défis qui leur sont propres. Pour déterminer, par exemple, comment leurs citoyens sont touchés par les changements climatiques et quelles solutions locales sont les mieux adaptées à leur contexte.
Mettre en application les résultats de la recherche
Lorsqu’une ville est frappée par des inondations, des pluies record et d’autres phénomènes météorologiques extrêmes et dommageables, la façon de réagir à une crise peut assombrir la vue d’ensemble qui révèle les points communs entre les défis – et les solutions – qui existent dans le monde.
Il y a des solutions éprouvées, fondées sur des données scientifiques rigoureuses, pour bon nombre de chocs et de stress climatiques auxquels sont confrontées les villes à risque. Plusieurs d’entre elles sont peu coûteuses, simples et axées sur la nature.
Dans les pays d’Afrique subsaharienne, les urbanistes et les dirigeants régionaux travaillent depuis plusieurs années à renforcer leur capacité d’anticiper, de s’adapter et de supporter le stress des changements climatiques. En plus de ces efforts, un financement sûr pour les villes est nécessaire pour lutter contre les changements climatiques.
Si nous voulons respecter l’engagement mondial de « ne laisser personne pour compte », nous devons nous attaquer aux multiples aspects qui contribuent à la pauvreté, à la vulnérabilité et aux inégalités urbaines. Cela signifie qu’il faut renforcer l’engagement à l’égard de notre climat mondial qui est exposé à la COP25 à Madrid afin qu’il inspire des programmes politiques, de recherche et d’investissement du monde entier à prendre des mesures urgentes.
Santiago Alba-Corral est directeur du programme Agriculture et Environnement au Centre de recherches pour le développement international du Canada (CRDI);
Julie Crowley est directrice du bureau régional pour l’Afrique centrale et de l’Ouest (BRACO) du Centre de recherches pour le développement international du Canada (CRDI).