Après dix ans d’absence, l’enfant du pays est enfin arrivé à Mama et a été accueilli dans une liesse phénoménale.
Avec notre envoyé spécial à Mama, François Hume-Ferkatadji
Plus personne n’y croyait, tant l’attente a été longue. Mais Laurent Gbagbo a fini par arriver vers 18h à Mama. Un accueil triomphal et même chaotique. Des centaines d’habitants de Mama, mais aussi des milliers de partisans venus des villages alentours avaient attendu le président ivoirien toute la journée, en musique, et bien souvent attablés, sirotant une bière ou un verre de vin dans les nombreux bars en plein air qui ont essaimé dans le village pour l’occasion.
Et c’est seulement dans les environs de 18h que le convoi de Laurent Gbagbo est arrivé. La foule s’est immédiatement mise à courir derrière son véhicule. Le protocole imaginé par les organisateurs a vite volé en éclat, le service de sécurité interne a très rapidement été débordé par la ferveur des supporteurs du président du Front populaire ivoirien.
Après un long moment de flottement, Laurent Gbagbo a finalement pu sortir de son véhicule, mais le politicien a renoncé à se rendre jusqu’à la tribune, placée au centre de la place de Mama, qui avait été installée pour l’occasion. La foule de jeunes gens étaient quasiment incontrôlable. Elle souhaitait toucher, approcher, photographier l’enfant du pays de retour après dix ans d’absence.
Goût de popularité
Laurent Gbagbo ne s’est donc pas attardé sur la place du village. Le « Woody de Mama » a regagné sa résidence toute proche en voiture. Et malgré ce départ rapide, les habitants ont continué de le célébrer en dansant au son des djembés.
Les émissaires du FPI ont qualifié cette journée d’« historique » et ont salué la « résurrection » de l’ancien président. Avant d’arriver à Mama, Laurent Gbagbo a pu goûter à sa popularité. Il s’est plusieurs fois arrêté sur la route pour saluer les groupes venus l’acclamer. Puis, dans un moment plus intime, il s’est également rendu dans le village de Blouzon, non loin de Mama, pour se recueillir sur la tombe de sa mère, décédée en 2014 lorsqu’il était en détention.
Prochaine étape pour l’homme de 76 ans qui ne cache plus ses ambitions politiques : une rencontre, qui devrait prochainement avoir lieu, avec l’autre ténor de l’opposition, son nouvel allié, l’ancien président Henri Konan Bédié, 87 ans, et chef du Parti démocratique de Côte d’Ivoire.