Covid-19, confinement, inondations : Le parc de Hann, un désert à Dakar

Covid-19, confinement, inondations : Le parc de Hann, un désert à Dakar
Covid-19, confinement, inondations : Le parc de Hann, un désert à Dakar

Situé au cœur de la capitale, le parc zoologique et forestier de Hann offre un espace de détente aux Dakarois. En confinement depuis le début de la pandémie du Covid-19, il est devenu moins bruyant qu’à l’accoutumée. En attendant le déconfinement, les responsables du parc, qui est l’un des derniers poumons verts de Dakar, multiplient les mesures de sauvegarde de son écosystème.

Les conséquences des pluies diluviennes ont été d’une ampleur assez terrible cette année. Le parc zoologique et le parc forestier de Hann sont des réservoirs naturels situés à Dakar sur la commune d’arrondissement de Hann-Bel Air. Avec une superficie de 60 ha, il est incontestablement le poumon vert de la région asphyxiée par l’explosion démographique et les pollutions de toutes sortes. Cette année, il a été touché par les fortes précipitations. Directeur-adjoint du parc forestier et zoologique de Hann, le lieutenant Babacar Dème explique : «Le parc présente un relief concave qui fait qu’il constitue un véritable réceptacle d’eaux de ruissellement en provenance des quartiers voisins (Mariste, Le Soleil, la gendarmerie de Front de Terre). Ainsi, toutes ces eaux convergentes vers le parc.» Il ajoute : «Fort heureusement, des dispositions avaient été prises par le commandant pour procéder à l’évacuation de ces eaux. Avec l’aide de nos collègues sapeurs-pompiers et le concours de la commune de Dakar qui nous a octroyé une motopompe, nous avons en moins de dix jours réussi à évacuer l’eau qui stagnait au parc. Les réseaux d’évacuation d’eaux usées existantes ne pouvaient naturellement pas évacuer toutes ces eaux. Il a donc fallu retrousser nos manches et user d’autres moyens de fortune pour pouvoir sécuriser tout le périmètre du parc.»
Quid de la gestion des animaux ? «Ils sont entretenus correctement comme à l’accoutumée. Rien n’a changé. Tous les animaux sont nourris et correctement. Qu’il y ait visite ou non, ils sont des pensionnaires, retenus dans des cases. Alors nous sommes obligés de les nourrir et nous ne lésinons pas sur les moyens parce que l’Etat les a mis moyens à notre disposition», détaille lieutenant Dème. Alors que le parc forestier est en train de retrouver son lustre d’antan. «Concernant le parc forestier, il y avait un excédent d’eau à un moment donné qui avait immergé les arbres, mais elles ont toutes été évacuées. Cependant, du côté esthétique, depuis l’arrivée et l’installation du commandant Sèye, il y a plusieurs initiatives avec beaucoup de pavages un peu partout. Donc une rénovation est en train d’être faite avec beaucoup de verdure, des fleurs. Il y a beaucoup de chantiers en cours, et à chaque chantier achevé, il y a un autre en exécution», renchérit lieutenant Dème. Souvent les ambitions butent sur le manque de moyens. «Il y a un problème de moyens parce qu’ils ne sont pas à la hauteur des ambitions. Et cela est normal, car nous sommes dans un pays sous développé. Malgré tout, l’Etat fournit beaucoup d’efforts pour l’entretien de ce parc», admet le garde forestier.

Confinement
Il est vrai que la grosse vague de contamination est derrière nous. Mais les visites n’ont pas encore repris au niveau du parc qui est l’un des derniers poumons verts de la capitale, qui bétonne sans penser à la gestion de l’écosystème. Par conséquent, l’accès au parc est très limité. «Depuis le début de la pandémie, l’accès du parc est interdit à tous les visiteurs. Donc aujourd’hui, nous gérons d’abord la propriété, le suivi de la bonne marche de l’ensemble des composantes du parc, à savoir le parc zoologique et le parc forestier des eaux», enchaîne lieutenant Dème. Depuis l’éclatement du Covid-19, la direction du parc de Hann a mis en place son propre protocole sanitaire. «Depuis le début de la pandémie, les autorités avaient suspendu toutes les visites pour prévenir la contamination au niveau du site. Des mesures barrières ont été mises en place au niveau des différentes portes d’entrée et nous continuons à respecter cela, le port du masque étant obligatoire pour les travailleurs. Il y n’a plus de visiteur. On a même demande aux sportifs de surseoir à la pratique du sport au niveau du parc en attendant sa réouverture. Ainsi que les écoles qui visitaient le parc, le public,… Tout cela a été suspendu à cause de la pandémie et on espère qu’elle va prendre fin afin que le parc soit rouvert rapidement au bénéfice de tous les Dakarois», dit-il.
Le parc zoologique reste un vaste domaine paradisiaque. Il compte 7 lions, 2 hyènes, 5 primates tels que les chimpanzés, 8 primates cynocéphales, 4 singes verts, 6 singes rouges. Les herbivores : il y a 1 lama, 3 dingos, 1 chair, 2 dromadaires, 1 hypotraque, 5 reptiles pythons, 2 tortues, 45 crocodiles, 1 oiseau marabout, 6 oies, 7 oies de Gambie, 2 pélicans, 2 pintades, 4 autriches. «Le nombre est variable, parce qu’il y a trop souvent de naissances, de mortalité. Il y a beaucoup de naissances au niveau des crocodiles, il y a aussi des coqs, des pintades, perroquets, des pigeons», évalue le conservateur du parc de Hann, commandant Momar Sèye.
En plus, le jardin botanique, qui a une large collection d’espèces florales, est un attrait extraordinaire. Sur le plan environnemental, il a une vocation de sauvegarder les espèces en voie de disparition ou menacées. L’ambition, c’est effectivement redonner une image représentative du parc au niveau mondial. Et de trouver des mesures plus idoines pour améliorer le mode de vie des animaux et de l’ensemble des composantes du site. Aujourd’hui, si l’on évalue l’ampleur du chantier et qu’on la compare à la modicité des moyens dont on dispose, on se rencontre que véritablement il faudrait que toutes les composantes en tout cas de la ville de Dakar participent à cet effort de développement du parc. Sinon, on ne pourra jamais y ar­ri­ver. Néanmoins, il y a des réalisations qui ont été faites avant mon arrivée, qui date de septembre 2019. Il y a des choses qui sont en train d’être faites, explique le commandant Momar Sèye.