L’Indonésie a élargi mercredi à l’ensemble de l’archipel les restrictions ordonnées pour faire face à la propagation du très contagieux variant Delta. Le gouvernement laissant entendre que sur le front de l’épidémie, le pire pourrait encore être à venir.
Alors que des restrictions drastiques étaient déjà en vigueur sur les îles de Java et Bali, les nouvelles mesures annoncées mercredi 7 juillet, qui varient selon les zones, s’appliqueront à des dizaines de villes de Sumatra, dans l’ouest, jusqu’à la Papouasie occidentale, dans l’est. « Les cas sont à la hausse dans d’autres régions et nous devons faire attention à la vulnérabilité des hôpitaux », a déclaré le ministre Airlangga Hartarto, précisant que les restrictions seraient en vigueur jusqu’au 20 juillet.
Le système de santé du quatrième pays le plus peuplé au monde est débordé par un afflux de patients. Le mardi 6 juillet, le gouvernement a fait état de 31 189 nouvelles infections, un record, et de 728 décès liés au Covid-19. Cette mortalité est sept fois supérieure à ce qu’elle était il y a encore moins d’un mois.
Télétravail, mosquées et églises fermées…
Les zones concernées par les nouvelles restrictions annoncées mercredi enregistrent actuellement beaucoup moins de cas que l’île de Java, où vit la moitié de la population indonésienne. Mais dans ces régions, les services de santé sont aussi beaucoup moins développés et une explosion de cas ferait vaciller beaucoup plus vite l’ensemble du système, a averti Airlangga Hartarto.
« Les structures dans ces régions sont limitées et déjà débordées », a-t-il averti. Les restrictions portent notamment sur l’obligation pour les personnels affectés à des secteurs non essentiels de travailler de chez eux, ainsi que la limitation des horaires d’ouverture des magasins et restaurants. Mosquées et églises vont également être fermées dans les zones les plus touchées.
« Des mesures loin d’être suffisantes »
Mais l’efficacité de ce renforcement des restrictions sanitaires fait déjà des sceptiques parmi les observateurs. C’est ce qu’explique notre correspondante en Asie du Sud-Est, Gabrielle Maréchaux.
Si les nouvelles restrictions prises en Indonésie ont une ampleur inédite, pour l’épidémiologiste Dicky Budiman elles arrivent trop tard, et ne vont pas assez loin: « Malheureusement, il faut le dire, ces dernières mesures sont loin d’être suffisantes ce n’est pas suffisant face au variant Delta. Il faudrait apprendre des autres pays qui ont eu affaire à lui et combiner les stratégies, augmenter le nombre de tests également, ne pas seulement isoler ou mettre en quarantaine, et vraiment accélérer la vaccination pour atteindre au moins la moitié de la population. »
L’efficacité du vaccin Sinovac remise en cause
Moins d’un Indonésien sur dix est aujourd’hui vacciné, et parmi ceux qui ont déjà reçu des doses, la mortalité est également inquiétante. Le personnel soignant a par exemple été une des premières populations à bénéficier du vaccin chinois Sinovac, et parmi tous ceux qui sont morts en juin, une majorité était vaccinée depuis plusieurs mois.
Pour Dicky Budiman, deux constats s’imposent: « D’abord il semble que l’efficacité du vaccin Sinovac se réduise après six mois. Ensuite, il semble que son efficacité ne soit pas assez bonne pour faire face au variant Delta. »
Ultime inquiétude enfin pour les observateurs: avec un taux de tests parmi les plus bas dans le monde et la non-gratuité de ceux-ci pour les personnes sans symptôme, le nombre réel de personnes affectées par le virus est nécessairement bien plus grand que ne le laisse supposer les chiffres officiels pourtant déjà inquiétants.
(Avec AFP)