Les libanais de Dakar sont dans une zone de trouble depuis un certain temps. Connus dans le milieu des affaires et leur manière de vivre un peu réservée, ils ruminent une souffrance sans commune mesure. Ces libanais, de vrais habitués au transfert de fonds s’inquiètent. Ledit pays, recevant une partie importante de capitaux, venus d’ailleurs, est qualifié comme étant la « Suisse du Moyen Orient ». Leral…a fait une immersion dans l’univers des libanais.
e Liban traverse actuellement une grave crise économique grave. Le taux d’endettement public a atteint 154% du PIB et un taux de change non officiel où la livre libanaise est désormais, échangée à 2 400 LL/USD contre 1 511 LL/USD au taux de change officiel. Présentement 30% à 40% de la population active sont au chômage et 50% de la population totale, risquant de se retrouver sous le seuil de pauvreté en 2020.
Les Libanais comme leurs autres compatriotes, établis ailleurs, très subtiles ou très fertiles en imagination entrent souvent, dans des deals intenses pour se faire de l’argent. Craignant d’être découverts, ils ouvrent des comptes bancaires au pays des Cèdres pour échapper à la traçabilité des fonds engrangés. Il a été constaté que certains Libanais ne s’activent plus dans le commerce normal. Ils usent de stratégies plus rapides pour se faire de l’argent illicitement.
Origine des fonds transférés au Liban
Ainsi, il a été relevé que l’origine des fonds transférés dans ce pays, s’explique par l’argent dérivé des activités, liées aux faux montages financiers, d’achat de terrains à moindre coûts, destinés à une revente aux enchères. Certains plus coriaces, disposent même, des documents d’ONG. Ces derniers, roulant en véhicules avec immatriculés TTC, c’est-à-dire, sans paiement ou frais de douane sont visibles dans la Capitale sénégalaise.
Pour mieux se faire de l’argent, découvre-t-on, certains Libanais de Dakar ouvrent des entreprises pour se couvrir dans une affaire nébuleuse. Après avoir réussi le coup, ils déclarent banqueroute et font dépôt de bilan précipitamment. L’argent des transactions évacué dans le pays des Cèdres. Une fois que le deal est éventré, il se trouve qu’il n’y a plus rien à saisir à Dakar. Certains font des coups à des banques du Sénégal.
Souvent, dans cette entreprise nébuleuse d’arnaque, ils n’hésitent pas à voyager avec de la liquidité, des montants colossaux à déposer dans leur pays d’origine. Histoire de blanchir les fonds détournés ou volés… Rien ne les ébranle. Beaucoup d’entre eux, s’activent dans des activités douteuses, liées à la vente de drogue et autre…
Et, il n’y a pas longtemps, un libanais du nom de Saïd Taraf a été inculpé pour association de malfaiteurs avait déclaré une banqueroute frauduleuse. Et, son compatriote arrêté à l’Aéroport de Dakar avec 100 millions, devant être acheminé à Beyrouth, s’inscrit dans le lot des escrocs. Ces mêmes libanais sont cités dans des affaires d’évasion fiscale. C’est le cas de Jamal Kaawar, patron d’Orca, interpellé pour une affaire de 2 milliards de FCfa. Encore, ils sont accusés de financer le Hezbollah. Raison pour laquelle, les Etats Unis avaient Bloqué des comptes et gelé des biens de 4 libanais, dont un établi au Sénégal.
Les africains se rappellent à date récente de l’affaire Ahmad Hachem, français d’origine libanaise, arrêté à l’Aéroport Félix Houphouët Boigny avec 3 milliards de FCfa, rangés dans 2 valises en coupure d’euros. L’affaire a été ébruitée en 2019 et, la nouvelle de son arrestation rendue publique par le média ivoirien « Soir info ».
C’est aussi, rocambolesque, mais ridicule. Puisque, autant d’argent liquide, estime-t-on, ne devrait pas être transporté en dehors des circuits autorisés. Mais, hélas ! Tout semble être permis avec les libanais pour s’enrichir illicitement.
Zoheir Wazni, intouchable, un Libanais hors la loi au Sénégal
La liste des Libanais, louches reste inépuisable. Il est toujours possible d’en rencontrer encore dans différents endroits du pays et d’ailleurs avec les mêmes méthodes et pratiques. C’est le cas de Zoheir Wazni, dont l’hebdomadaire Jeune Afrique peine à trouver de qualificatif sa roublardise. Dans un article paru récemment dans cet hebdomadaire de « référence », le sieur Zoheir Wazni passe pour un « Don Corleone sénégalais », un « Madoff local » où, à tout le moins pour un « Grand Caïd ».
Industriel possédant plusieurs usines et des immeubles un peu partout dans Dakar, le gars a toujours usé de son influence pour régner en seigneur dans toutes les entreprises qui lui appartiennent. Pire, il est accusé d’escroquerie par plusieurs banques de la place, dont la Société Générale, la Bank of Africa au Sénégal et, à la Banque Atlantique. Au total, ces trois banques l’accusent de leur avoir escroqué pas moins de 22 milliards de FCfa.
Le modus operandis du sieur Wazni est assez simple. Mais, très efficace dans un pays comme le nôtre, où les influences politico-financières peuvent faire d’un homme d’affaires peu scrupuleux un homme au-dessus des lois. Il emprunte à des banques des sommes assez importantes pour le développement de l’une de ses entreprises, ne paie pas aux dates échues et, pour se tirer d’affaires, il déclare l’entreprise en faillite et dépose le bilan.
Une fois ça marche. Mais, le même modus operandis s’est répété dans deux ou trois banques différentes. Un fait qui a fini d’attirer l’attention. De là à penser qu’il y a eu escroquerie et banqueroute frauduleuse il n’y a qu’un pas. Lesdites banques n’ont pas hésité à franchir. Les plaintes se sont accumulées auprès des tribunaux.
Arrêté puis mis en liberté provisoire, le gars tente d’user encore de son influence (avec des « espèces sonnantes » et « craquantes » pour se tirer d’affaires. S’en sortira-t-il indemne ? Mais il est clair qu’au sein de la communauté libanaise de nationalité sénégalaise, beaucoup d’hommes d’affaires se comportent de la même sorte. Ils ont des facilités bancaires, organisent des fraudes douanières et fiscales, exploitent éhontément leurs employés. Et, une fois devant les tribunaux, ils s’en sortent bizarrement.
Corruption ? Influence politiciennes ? Personne ne peut l’affirmer avec certitude. Mais, pour le commun des Sénégalais, ils tirent leur influence de la corruption. Il ne s’agit pas ici de fustiger une communauté présente dans notre pays depuis près d’un siècle. Mais, de se poser des questions sur la toute-puissance de certains d’entre eux, ayant la réputation de passer entre les mailles du filet à chaque fois qu’ils sont épinglés par la justice.
Interdit des transferts financiers à l’étranger
Malheureusement, une crise économique intense frappe ce pays. Ce faisant, les banques sont touchées et personne ne peut plus retirer de montants importants, venant de ces comptes dormant. Un rapport de la banque mondiale, parcouru prévient que face à l’absence de liquidité, des risques de pénurie ne sont pas écartés au Liban. Les banques libanaises, via l’association des banques du Liban (BDL) ayant instauré un contrôle des capitaux a limité les retraits à 1 000 USD par semaine au maximum, contre 200 USD/Semaine en général. Et, sauf en cas d’urgence, elle interdit les transferts financiers à l’étranger.
Lesdites mesures prises ont entraîné d’importantes manifestations depuis la nuit du 17 au 18 octobre 2019. Les manifestants dénoncent une classe politique, considérée de corrompue. Cette dernière a mené le pays des Cèdres à la quasi-faillite économique.
Répondant à la boutade de Walid Joumblatt qui l’avait suggéré comme Ministre de l’Energie, Carlos Ghosn a indiqué être prêt à accorder son expertise pour aider le Liban. Mais, refuse d’avoir d’intérêt quelconque à la politique libanaise. L’ex PDG de l’alliance Renault Nissan, Carlos Ghosn, au Liban depuis la fuite de sa résidence surveillée au Japon, le 30 décembre dernier, a évoqué dans une interview, accordée à la chaîne de télévision Al Jadeed, la crise économique que traverse le Liban.
Crise financière au pays des Cèdres
Les Libanais qui transféraient des fonds dans le pays des Cèdres, sont actuellement dans une zone de trouble avec cette situation de crise. « Vous savez que si nous transférons de l’argent au Liban, nous ne pouvons plus l’utiliser. J’ai des investissements au Liban et j’ai de l’argent dans les banques libanaises. Et, comme tous les citoyens libanais, je ne peux retirer que 250 $ ou 300 $ par semaine », a expliqué l’ex-patron de Renault Nissan.
Carlos Ghosn, a ainsi indiqué que sa situation financière actuelle est similaire à celle de la population libanaise. Seulement, les autorités libanaises, avec le nouveau gouvernement Hassan Diab, veulent éviter la faillite des banques et la pression de la rue. Puisqu’il a été constaté que la crise économique se dédouble, touchant à la fois les banques et l’économie du pays. La dette du pays atteint plus de 150% du PIB, soutenue par les banques privées qui assuraient jusque-là, la stabilité de la « Suisse du Moyen-Orient ». Le Liban, reconnaît-on, n’en est pas à sa première crise économique. Mais, les ressorts qui lui ont jusque-là, permis de rebondir paraissent cassés.
Les observateurs se demandent si le nouveau gouvernement du Premier ministre, Hassan Diab, nommé il y a un mois après la démission de Saad Hariri, sera-t-il, à la hauteur? Puisque, ce dernier, a bien tenté de s’entourer de ministres « technocrates » comme le réclamaient les populations qui défilaient massivement dans les rues depuis le 17 octobre. Tous ces technocrates ont été nommés, découvre-t-on, pour leur appartenance religieuse. « Au Liban, techniquement, les banques sont en faillite. Mais, personne n’ose déclarer cette faillite. Car, dans le système bancaire libanais, 1% des déposants ont 60% des dépôts. Et, dans ce 1%, il y a les chefs confessionnels. Personne n’osera couper dedans, ni au gouvernement, ni au parlement, dont dépend les mêmes chefs politiques », a averti l’économiste Samir Aita.
La passe noire du pays des Cèdres mérite réflexion. Ses fils éparpillés dans différents pays du monde souffrent d’une souffrance énorme. Leurs économies ou épargnes au Liban risquent de connaître un sort dramatique. Un fait qui aura forcément une incidence négative sur le train de vie dispendieux, mené par les Liban, assez réservés ou moins ouverts aux autres communautés des pays d’accueil. Le blocage économique ou la limitation des retraits d’argent freinerait leurs épanouissements et les plongerait dans une dèche totale.