La Havane et Washington se renvoient la balle de la responsabilité des manifestations qui ont bouleversé le pays dimanche aux cris de « Liberté ! » et « À bas la dictature ! » liée à la situation économique du pays. Depuis plus d’un an, l’épidémie et les sanctions américaines ont plongé Cuba dans une profonde crise toujours plus dure au quotidien. Ces manifestations inédites peuvent être analysées comme une forme de catharsis dans laquelle les réseaux sociaux ont joué un rôle déterminant.
Les réseaux sociaux ont joué un rôle tellement déterminant que lundi internet a été coupé sur l’île. C’est une première manifestation filmée en direct sur Facebook dimanche matin 11 juillet dans la petite ville de San Antonio de los Baños, à proximité de La Havane, qui a fait un effet boule de neige. Dans cette localité, ce sont les coupures de courant d’une douzaine d’heures dans la journée qui ont poussé la population à manifester son ras-le-bol dans la rue.
Et sur les réseaux sociaux très vite, les Cubains de tout le pays se sont dit qu’ils allaient sortir dans la rue. L’un des slogans scandés durant ces manifestations était « patria y vida », en référence à cette chanson protestataire qui plaide pour un changement à Cuba, et qui a été massivement diffusé sur internet. Vincent Bloch, enseignant à l’Université NYU et spécialiste de Cuba, explique comment les appels à manifester ont été relayés sur les réseaux.
Les réseaux sociaux ont permis que les gens rejoignent les manifestations avec moins de peur et d’appréhension et qu’ils comprennent qu’énormément de personnes étaient prêtes à agir de la même façon
Vincent Bloch, enseignant à l’Université de New York et spécialiste de Cuba
Le réseau mobile coupé pour contrer les nouvelles manifestations
Depuis 2018 avec l’arrivée et le développement du réseau mobile sur l’île, il y a comme un réveil de la société civile cubaine et une montée en puissance de la critique des autorités. Le Parti communiste cubain estime d’ailleurs qu’il faut mener sur les réseaux sociaux une bataille idéologique, mais il semblerait que cette croisade soit perdue d’avance, car par nature internet est incontrôlable. Sauf à couper les vannes évidemment et c’est ce qui s’est passé lundi.
Pour éviter de nouveaux rassemblements et l’organisation de nouvelles manifestations, le réseau mobile a été coupé. L’utilisation des VPN et autres dispositifs de contournement de la censure deviennent indispensables à Cuba. La population craint que sans internet, la répression se durcisse, loin des yeux du monde.
Depuis 2018, l’Internet mobile s’est beaucoup développé à Cuba, ainsi les manifestations ont pu largement être relayées sur les réseaux sociaux.
rfi