Culture: la cantatrice américaine Jessye Norman est décédée à 74 ans

La cantatrice américaine Jessye Norman, soprano dont la voix à la fois sombre et majestueuse avait conquis les publics du monde entier, est décédée lundi à New York à 74 ans, des suites d’une septicémie.

« C’est avec une profonde tristesse que nous annonçons la mort de la star internationale de l’opéra Jessye Norman », a indiqué sa famille dans un communiqué transmis par une porte-parole.

La cantatrice devenue icône, qui avait marqué les esprits en France en chantant «La Marseillaise» en 1989 pour le bicentenaire de la révolution, est décédée d’une septicémie consécutive aux complications d’une blessure à la colonne vertébrale subie en 2015, selon le communiqué.

Les hommages ont commencé à affluer lundi soir. « Le Met pleure Jessye Norman, l’une des plus grandes sopranos des 50 dernières années », a indiqué le grand opéra new-yorkais où elle s’est produite plus de 80 fois, dans un répertoire allant de Wagner à Poulenc, en passant par Bartok, Schönberg et Strauss.

Jeune Noire dans un milieu blanc

Née le 15 septembre 1945 à Augusta, dans un État de Géorgie alors soumis à la ségrégation, Jessye Norman, issue d’une famille de cinq enfants, s’initie à la musique par l’église, en chantant les traditionnels « spirituals ».

En grandissant, elle se met à écouter les opéras à la radio, notamment ceux du prestigieux Metropolitan Opera, où elle allait elle-même devenir une star. « Je ne me souviens pas d’un moment dans ma vie où je n’ai pas été en train d’essayer de chanter », disait-elle en 2014 à la radio américaine NPR, après avoir remporté cinq Grammys, dont un récompensant l’ensemble de sa carrière en 2006.

Jeune femme noire dans un milieu de la musique classique essentiellement blanc, elle décroche une bourse pour étudier la musique à l’université Howard, un établissement historiquement noir de Washington. Engagée dès 1968 – elle n’a alors que 23 ans – au Deutsche Oper de Berlin, elle débute en France cinq ans plus tard, dans l' »Aïda » de Verdi.

Elle s’installe en Europe où, avec son timbre sombre et pulpeux, elle s’impose comme l’une des sopranos dramatiques les plus reconnues, en particulier pour ses interprétations de Wagner.

Engagée

Jessye Norman était aussi une femme de convictions, socialement engagée, notamment pour les artistes des milieux défavorisés. Elle avait notamment fondé dans sa ville natale d’Augusta la Jessye Norman School of the Arts, gratuite pour les plus désargentés.

Si elle avait chanté aux cérémonies d’investiture des présidents américains Ronald Reagan et Bill Clinton, ou pour le 60e anniversaire de la reine Elizabeth II, en 1986, avant de recevoir la Médaille nationale des arts des mains du président Barack Obama en 2009, la cantatrice s’était retirée de la scène ces dernières années.

Ses dernières interviews remontent pour la plupart à 2014, année de la publication de ses mémoires, « Stand Up Straight and Sing! ».

(Avec AFP)