Plus de 15 000 Hongrois ont manifesté dimanche 16 décembre à Budapest contre une nouvelle loi sur le travail et contre le gouvernement du Premier ministre nationaliste, Viktor Orban, qu’ils considèrent de plus en plus autoritaire. C’est la quatrième mobilisation en une semaine contre le gouvernement Orban. Elle était organisée par l’opposition de gauche, des groupes d’étudiants et des citoyens. Les protestations ont continué dans la nuit, une partie des manifestants, rejoints par des membres de l’opposition, ont investi le siège de la télévision publique. Ils ont demandé, entre autres, « l’indépendance des médias publics ».
Laszlo a 18 ans. Cheveux coiffés à la punk, ce jeune magasinier est venu de province pour manifester contre la loi sur le temps de travail. Une loi qui permet aux employeurs d’exiger jusqu’à 400 heures supplémentaires par an.
« Le week-end, c’est pour la famille ! Cette loi va nous obliger à faire trop d’heures, et on en fait déjà beaucoup trop. Ils n’arrêtent pas de voter des lois stupides », explique-t-il.
Trois ans pour payer les heures supplémentaires
De plus, l’employeur aura trois ans pour payer ces heures supplémentaires. A la tribune, le dirigeant syndical Tamas Székely est très applaudi lorsqu’il lance : « Nous allons faire grève ».
Cette loi vient couronner d’autres mesures impopulaires, comme la suppression des chèques déjeuner subventionnés par l’Etat. Et puis il y a la corruption, qui scandalise Emma Bugram, une grand-mère de 68 ans : « On reçoit beaucoup d’argent de l’Europe. Mais Orban et son clan en volent un bon tiers. On en a vraiment assez. Sans compter qu’ils trichent à toutes les élections ! »
Nouveaux tribunaux contrôlés par le gouvernement
Ses enfants ont défilé ces quatre derniers jours, contre la loi sur le temps de travail, mais aussi la loi qui crée de nouveaux tribunaux contrôlés par le gouvernement. Dimanche, Anita Homoki est venue manifester contre la politique de Viktor Orban et contre le durcissement du régime, de plus en plus autoritaire : « Moi je manifeste contre tout ce que fait ce régime depuis 8 ans. C’est pire que le communisme : la corruption atteint des sommets, ce n’est plus une démocratie, mais un régime autoritaire et on va vers une époque très sombre, c’est déjà le féodalisme ici… Mais il y a une nouvelle génération : les jeunes sont plus ouverts, plus européens, ce sont eux qui finiront par faire tomber le régime autoritaire d’Orban. Mes enfants appartiennent à cette génération. Je les ai élevés pour qu’ils soient cosmopolites, qu’ils parlent plusieurs langues, qu’ils sachent faire la différence entre un migrant et un réfugié qui fuit un pays en guerre. Alors on proteste, et on espère que de plus en plus en plus gens vont se joindre à nous. Mais ça va prendre du temps, peut-être des années. »
Politiciens socialistes et d’extrême-droite, étudiants et retraités, ils ont tous défilé ensemble. Des manifestations qui se sont aussi étendues à la province.
rfi