La Cour pénale internationale a confirmé en appel, jeudi 8 mars, l’ordonnance de réparation aux victimes de la destruction des mausolées de Tombouctou. L’ancien jihadiste malien Ahmad Al-Faqi Al-Mahdi avait été condamné en août 2017 à neuf ans de prison et à payer 2,7 millions d’euros de réparations. Comme l’ex-jihadiste a été déclaré indigent, c’est le Fonds au profit des victimes, financé par les pays membres de la CPI, qui se va se charger des dédommagements. A Tombouctou, la nouvelle est accueillie avec enthousiasme.
2,7 millions d’euros. C’est la somme que la justice va faire reverser aux victimes de la destruction des mausolées de Tombouctou. Une somme distribuée en partie à titre collectif. C’est-à-dire à l’ensemble de la communauté de Tombouctou, en vertu du préjudice moral subi.
Abderhamane Asseyti, imam de la Grande mosquée a déjà son idée sur l’usage que l’on pourrait en faire. Notamment « rénover la Mosquée parce que c’est des trucs en bambou, il faut régulièrement les retaper ». Mais aussi « faire des formations. Préparer, évidemment, les enfants pour faire la relève et leur apprendre les techniques pour prendre soin de ces mausolées ».
Préjudices moraux et économiques
Les victimes indemnisées individuellement sont celles qui ont subi un préjudice moral – à l’instar des descendants de personnes inhumées dans les mausolées – ou économique, comme les professionnels du tourisme.
Un soulagement pour Mohammed Amin Chindouk ould Najim, président du syndicat d’initiative pour le développement du tourisme à Tombouctou. Surtout que « de 10 à 15% des guides qui sont restés à Tombouctou sont réduits à la mendicité. Les hôtels sont détruits et pratiquement 90% des restaurants de Tombouctou sont fermés ». Alors, bien entendu, il attend « tout de ce procès ».
Plan de distribution des réparations
L’argent va provenir du Fonds au profit des victimes, puisque Ahmad Al-Faqi Al-Mahdi a été déclaré indigent. Un fonds qui ne dépend pas de la Cour elle-même. Il a été créé et est directement alimenté par les Etats signataires du traité de Rome. Fadi El Abdallah, le porte-parole de la Cour pénale internationale explique qu’il a été mis en place pour « améliorer la situation d’une façon concrète pour les victimes ». Dans des cas comme celui des mausolées de Tombouctou, il permet de « mettre en œuvre les ordonnances de réparation, ordonnées par les juges de la CPI, suite à une condamnation des accusés ».
Pour cela, ce fonds doit présenter à la CPI, le 6 avril 2018, un plan de distribution des réparations. Maitre Mayombo Kassongo, représentant légal des victimes, rappelle que « c’est un montant qui ne va pas aller à des victimes au hasard, il va aller à des victimes par priorité. Priorité d’abord aux grandes familles, à ceux qui ont été sur place, qui ont vécu la destruction, qui ont perdu des biens ». Il invite les lésés qui ne se sont pas encore manifestés à le faire au plus vite.
rfi