Disparition du guide des Thiantacounes en France: Quelques détails sur le décès de Cheikh Béthio Thioune

Selon les informations de « Libération » reçu dans les locaux de Leral.net, Cheikh Béthio Thioune était dans le coma depuis lundi dernier, jour du délibéré de son procès. Il est parti sans connaître la peine à lui infligée alors qu’il se trouvait à Bordeaux depuis le 18 janvier dernier, pour des soins.

Les voies du Seigneur sont impénétrables. En effet, alors que le juge de la Chambre criminelle du tribunal de Grande instance de Mbour rendait le délibéré condamnant Cheikh Bethio Thioune à 10 ans de travaux forcés pour complicité de meurtre en plus de placer sous séquestre tous ses biens, le guide des »Thiantacounes » était dans le coma dans une clinique de Bordeaux où il luttait contre la mort.

La décision tombée, il n’a pas eu l’occasion de l’apprécier. Hélas. Puisque moins de 24 heures plus tard, il ne se réveillera plus du coma dans lequel il était plongé. Il est décédé hier, à 14 heures (heure du Sénégal), dans une clinique de Bordeaux (France) à la suite d’une longue maladie. Son fils aîné, Saliou Thioune qui a payé le billet Paris- Dakar pour lui souffler dans le creux de l’oreille la décision du juge, n’aura pas, non plus, la chance de retrouver vivant, son père.

En effet, rapportent les sources de « Libération », c’est au moment de faire sa valise pour déchirer les entrailles du ciel que la mauvaise nouvelle est tombée. « Cheikh Béthio a rendu l’âme des suites d’un double cancer du côlon dont il souffrait depuis. C’est cela qui était contenu dans le dossier médical communiqué à la Chambre criminelle mais tout le monde croyait que c’était une ruse. Pourtant, quand Béthio partait en France le 18 janvier dernier pour se soigner, son dossier n’était même pas enrôlé« , confie-t-on àLibération. Mais cela ne surprend guère.

En effet, une de ses épouses à son chevet et revenue récemment de France pendant que son procès se déroulait au Tribunal de Mbour, confiait à un de ses avocats : « Le Cheikh que j’ai vu, ne reviendra pas au Sénégal vivant« . Elle n’avait pas tort. Me Ousmane Seye révélait aussi dans une sortie dans la Libération, que le pronostic vital du Cheikh était « très » engagé depuis quelque temps, d’après les constatations des médecins. « Nous avons déposé un dossier médical très solide sur la table du juge et du procureur« , disait-il tout en dénonçant que le « renvoi » du procès pour cause de maladie de Béthio leur avait été refusé parle juge malgré le principe contradictoire du débat d’audience.

En effet, vu son état de santé, ses médecins avaient, à ce titre, demandé l’internement de Cheikh Bethio Thioune depuis la fin de l’année 2018. Mais comme le « Magal » est une fête à laquelle il tenait tant pour rendre « hommage » à son vénéré guide religieux, feu Serigne Saliou Mbacke, Cheikh Bethio Thioune avait reporté son voyage. Il ne se rendra finalement en France, que le 18 janvier 2019 avec deux mois de retard pour son rendez-vous médical.

« C’est ce qui a aggravé davantage son cas« , apprend LibérationContrairement à ce qui a été avancé, au moment de quitter le Sénégal, il n’était pas au courant de l’enrôlement de son dossier. Et c’est de la France qu’il a appris que l’affaire va être jugée courant mois d’avril« . « Il voulait y assister et laver son honneur devant les Sénégalais, mais ses médecins traitants, vu son état de santé, lui ont opposé un niet catégorique « , confie une autre source, proche de la famille.

Cheikh Bethio est parti. A jamais. Désormais seul dans sa tombe, l’énigme de sa vie et du double meurtre de Médinatoul Salam, restera aussi, à jamais, un secret dont personne ne percera le mystère. En dépit de l’intime conviction du juge qui l’a condamné à 10 ans de travaux forcés, pour complicité de meurtre.