Nous autres citoyens sommes à la croisée des chemins vers d’importants rendez-vous en 2019. Comme il est de coutume dans toute démocratie, la quête du pouvoir politique passe par le choix libre des citoyens, de leurs dirigeants. Sur la base d’un croisement des idées, d’une confrontation argumentée des projets, d’un jeu de séduction et d’attraction, pour convaincre avant de vaincre par les urnes et non par les armes. Et c’est à la fois le charme et la force de la démocratie : remplacer le choc des violences par la confontation des idées, la conquête par l’épée par le triomphe par la non violence.
C’est un jeu, dit-on, le jeu démocratique. Et en tant que tel, il doit être marqué par le fair-play, arbitré par des règles qui garantissent la transparence, l’équité et l’ordre public pour que le jeu reste un exercice pacifique pour élire et non une incitation à démolir.
En démocratie, les élections sont des moments de fête, fête de l’esprit pour les citoyens abreuvés par l’abondance des offres politiques, la générosité des chevaliers servants de la République. Ce sont des instants d’une insistante interpellation pour les citoyens sur des questions de vie et de survie, avant d’accorder leur confiance à des dirigeants qui les auront convaincus. Ainsi, en des séquences temporaires régulières, ils renouvellent cette confiance ou la retirent pour la confier à d’autres, dans la paix.
Comme tout jeu, il est organisé, encadré, contrôlé et même ritualisé. Les acteurs y sont admis selon des régles établies, selectionnés aur la base de critéres admis par la raison et la loi afin que seuls ceux qui répondent aux critéres y participent en respectant les régles. Dans ces conditions, il serait d’une grande gravité que des acteurs hors jeu, par le fait de la loi ou d’un déficit de crédibilité veuillent instaurer un climat insurrectionnel à la place des élections et qu’au lieu de laisser élire des bâtisseur, ils appellent à démolir ce qu’avec patience et passion, les populations ont érigé grâce à la confiance placée aux projets antérieurs ou en cours.
Il est vrai que la démocratie est héritiére en quelque sorte des violences pour la conquête du pouvoir. C’est certainement pour cela qu’elle se présente des fois avec une certaine vitalité pour ne pas dire virilité. Cependant la vigueur des propos et le tranchant des critiques ne sauraient être pour les citoyens que nous sommes un prétexte pour une escalade verbale qui fait le lit de la peur, pour que régnent la colére et la haine, avec un seul but: remettre en cause la légitimité des institutions.
Nous sommes tous d’accord que lorsque les institutions sont plutôt insjustes et tyranniques, elles perdent leur légitimité. Et leur remise en cause devient, avec raison, une urgence pour la sacralité de la République et de la société. Mais une telle remise en cause de la légitimité des institutions doit être fondée sur des justifications de droit et d’éthique et non sur une habile construction de l’esprit, sur la simple opinion exorimée avec art et malice.
Le Sénégal que nous chérissons tous, partisans ou non, mérite que ceux qui aspirent à nous diriger aient en vue le devenir des générations actuelles et futures. Elles qui ont tout à perdre dans le régne de la violence illégitime là où d’autres parmi les acteurs politiques n’ont plus rien à perdre.
L’avenir du Sénégal ne saurait être otage d’une personne, d’une famille, d’un clan ou d’une quelconque communauté. Notre devise nous enjoint de nous rappeler qu’on ne saurait vouloir détruire, bruler, démolir, appeler à l’insurrection parce qu’on n’a plus rien à perdre et chanter la patrie.
Le pouvoir comme l’opposition ont la même responsabilité, pendant les élections. Proposer leurs projets, argumenter leur vision, exposer leur projection du futur et prendre rendez-vous avec les électeurs, au sortir des urnes pour célèbrer le Sénégal. Car il n’y a que le Sénégal en compétition et c’est seulement le Sénégal qui gagne pour que vive la République.
A. Azize KEBE
Enseignant Chercheur
FLSH-UCAD