Les Norvégiens votent aux législatives ce lundi 13 septembre. Selon les sondages, le pays se dirige vers l’alternance : après deux mandats, la conservatrice Erna Solberg pourrait laisser sa place à son rival travailliste. Mais une question traverse les deux camps : que faire du pétrole, dont la Norvège est le plus grand producteur européen ? Faut-il continuer à pomper l’or noir et contribuer à la détérioration du climat, ou bien fermer les robinets ?
Avec notre correspondant à Oslo, Frédéric Faux et Béatrice Leveillé, du service International
La Norvège a bien négocié l’épidémie de Covid-19. Le chômage est sous la barre des 5%. C’est un pays riche, avec un fonds souverain de 1 200 milliards d’euros, soit le plus gros bas de laine du monde. À la source de cette prospérité, le pétrole, dont la Norvège est le plus gros producteur en Europe de l’Ouest, est de plus en plus remis en cause
Les écologistes réclament l’arrêt immédiat de l’exploration pétrolière. Mais leur allié naturel, les travaillistes, qui devraient logiquement succéder au parti conservateur au pouvoir, ne sont pas prêt à sacrifier l’industrie pétrolière sur l’autel du changement climatique. Ils préfèrent préserver un secteur qui représente 14% du PIB, plus 40% des exportations nationales et qui emploie 160 000 personnes.
Pointé du doigt pour être l’un des principaux responsables du changement climatique, l’or noir a permis à la Norvège de financer son généreux État-providence et d’importantes mesures pour le climat, rappelle Stanislas Ndayishymie, du service Économie de RFI. Parmi elles, l’incitation à l’achat local de voitures électriques et à l’internationale, la protection des forêts tropicales ou encore le captage et le stockage du dioxyde de carbone.
Les travaillistes pourraient avoir des difficultés à former une majorité
« Nous voulons arrêter la production de pétrole en 2035, soutient Beatriz, militante chez les Verts Norvégiens. Les travaillistes disent qu’on a besoin de plus de temps, mais nous n’avons pas tout ce temps ! »
Les Verts ne sont pas les seuls alliés potentiels de la gauche à être sur cette ligne. Le leader travailliste Jonas Gahr Støre, issu d’une famille d’industriels, pourrait donc avoir des difficultés à former une majorité.
« Le plus probable est un nouveau gouvernement de centre gauche après les élections, explique le sociologue Johannes Bergh. Mais il pourrait dépendre de l’appui du Parti de gauche, plus radical, et même des Verts, qui veulent fermer l’industrie pétrolière le plus tôt possible. Beaucoup d’électeurs sont mobilisés par l’environnement et le changement climatique. »
Avec le dernier rapport du Giec et les catastrophes climatiques de cet été, les partisans de cet arrêt du pétrole ont encore progressé dans les sondages. Reste à savoir si cela va se traduire dans les urnes.
rfi