Quand le Président Macky Sall lui a fait quitter le ministère de l’Assainissement et de l’Hydraulique rurale, beaucoup avaient pensé à une sanction. D’autant que le ministère du Développement communautaire, de l’Equité sociale et territoriale ne renvoyait à rien de vraiment intéressant. Mais avec le décret portant répartition des services de l’Etat signé par son beau-frère, Mansour Faye se retrouve avec un super ministère. Résultat, certains pensent qu’il pourrait être le dauphin du chef de l’Alliance pour la république (Apr). Et l’idée ne déplairait pas à la Première dame.
«La Première dame fera tout pour le positionner parmi les potentiels successeurs de Monsieur le président de la République», nous confiait, off the record, un haut responsable de l’Alliance pour la république (Apr). C’était juste au lendemain du premier tour de la Présidentielle du 24 février dernier. Une assertion, à l’époque, difficile à défendre. D’autant plus que Mansour Faye, frère de l’épouse du chef de l’Etat, n’occupe pas au sein de l’Apr une station qui pourrait lui permettre d’avoir de telles prétentions.
Mieux, la formation du nouveau gouvernement a vu le maire de Saint-Louis quitter le département de l’Assainissement et de l’Hydraulique rurale pour le nouveau ministère du Développement communautaire, de l’Equité sociale et territoriale. Une migration que beaucoup d’observateurs avaient interprétée comme «une sanction» infligée par le chef de l’Etat à son beau-frère. Surtout après les accusations de corruption présumée dans l’affaire Suez-Sde.
Seulement, le décret du 8 avril dernier portant répartition des services de l’Etat autorise une autre lecture du cas Mansour Faye. Le frère de Marième Faye Sall trône désormais à la tête d’un super ministère avec des agences, projets et programmes qui le mettent en contact direct avec les populations. Donc, avec l’électorat. Le ministère balèze de Mansour Faye lui permet en effet de mettre la main sur presque toute la politique sociale du pays, avec des fonds estimés à plusieurs dizaines de milliards de francs Cfa.
On peut, à ce titre, citer : le Programme de modernisation des axes et territoires frontaliers (Puma), le Programme d’urgence de développement communautaire (Pudc), les bourses de sécurité familiale, les Promovilles, l’Agence nationale de la couverture maladie universelle qui a été retirée du ministère de la Santé, la Délégation générale de la protection sociale et à la solidarité nationale. A cela, il faut ajouter le Commissariat à la sécurité alimentaire, la direction de la promotion de l’Equité territoriale, de l’Evaluation des programmes du développement communautaire, de la promotion de l’Equité sociale…
Autant de directions, agences et programmes qui permettent aujourd’hui à Mansour Faye, de placer ses hommes au cœur du système et ainsi se rapprocher davantage des populations. En fait, la particularité d’agences comme le Puma et le Pudc, c’est qu’elles ont permis au candidat Macky Sall de rafler le vote du monde rural à la dernière présidentielle. C’est à travers ces programmes que le chef de l’Etat a pu désenclaver plusieurs localités du pays grâce aux pistes de production. Mieux, de nombreux villages en ont profité pour avoir accès à l’eau potable et aux soins. Ce n’est donc pas gratuit que tout cela se retrouve entre les mains du seul Mansour Faye.
Macky Sall penserait-il à son beau-frère comme dauphin au cas où ? Certains n’hésitent pas à franchir le pas et le présenter comme potentiel candidat du pouvoir à la présidentielle de 2024. Même au sein de l’Apr, l’idée commence à circuler. Pour beaucoup, c’est ce qui explique les attaques qu’il subit depuis quelques temps. «Il a l’avantage de n’être ni du Fouta ni de Fatick. Donc, son image a plus de chances de passer auprès des populations. Et l’idée ne déplait pas à la Première dame», insiste un responsable aperiste.
Preuve que le combat vient de commencer à l’Apr, Bara Ndiaye, journaliste et membre du parti présidentiel, accuse des éléments du système d’être derrière les attaques contre le beau-frère de Macky Sall. Dans une lettre publiée dans la presse de ce vendredi sous le titre «Courage cher Mansour, ils ne te lâcheront jamais !», il écrit: «Saches que tu (Mansour Faye, ndlr) n’as pas que des amis dans ce Système, mais aussi que tu n’y a pas que de francs-tireurs.»
En tout cas dans un contexte de questionnement sur le dauphinat où le poste de Premier ministre va être supprimé, la question peut être légitimement posée avec le renforcement des pouvoirs actuels du beau frère du Président. Mais soulignons toutefois que Mansour Faye n’a jusqu’ici pas démontré de capacités particulières de gestionnaire d’autant plus que la gestion du secteur de l’eau qui lui avait été confiée, n’a pas été des plus reluisantes. Il devra de ce fait démonter une certaine carrure et une grande envergure pour arriver à ce stade. Le chemin est peut-être pour le moment bien long et il serait peut être bien tôt pour tirer une quelconque conclusion.
NETTALI.COM