J-3 avant l’investiture de Joe Biden. Tous les États américains sont en alerte ce dimanche 17 janvier. Selon les informations du FBI, des partisans de Donald Trump – mais aussi des groupes d’extrême droite – pourraient organiser des manifestations armées autour des lieux de pouvoir à travers le pays pour protester contre ce qu’ils considèrent toujours comme une « élection volée ».
De nos envoyés spéciaux, Stefanie Schüler et Bertrand Haeckler
La tension est particulièrement grande dans les États clés où s’est jouée de très peu la victoire de Joe Biden. À l’instar de la Pennsylvanie. À Harrisburg, la capitale, les habitants gardent un mauvais souvenir des dernières manifestations des trumpistes et s’inquiètent des jours à venir.
Ce samedi 16 janvier, dans l’après-midi un calme olympien règne cependant dans les petites rues d’Harrisburg. Marc habite à deux pas du capitole. Les milliers de trumpistes qui, selon certaines sources, pourraient déferler ce dimanche dans sa ville, armés de surcroit, ne lui font pas peur.
« Je me sens en sécurité. Je sais que le maire a pris des mesures pour faire protéger Harrisburg par la police du capitole, celle de la ville et la police de l’Etat. Donc, je pense que ville est sûre. Bien évidemment, je ferai attention et serai sur mes gardes. Mais je n’ai pas peur de ce qui pourrait arriver dans les jours à venir », dit-il.
Magasins fermés
Seule une jeune femme est assise sur les marches encore désertes du capitole, un panneau Black Lives Matter dans les bras.« Les partisans de Trump débarquent à chacune de leurs démonstrations avec leurs armes. Je ne mets pas en cause leur droit constitutionnel de porter des armes. Mais ils ne devraient pas en avoir besoin pour une démonstration censée être pacifique. Pourtant, à chaque fois, ils viennent armés. Et c’est effrayant. Surtout parce qu’ils nous menacent directement. Ils pointent leurs armes sur nos visages », dit-elle.
John Jackson Austin est coiffeur. Son petit salon se trouve à quelques pas des marches du capitole de Harrisburg. « Lors des dernières manifestations, ils ont hurlé des injures raciales, note-t-il. Il y avait beaucoup de haine. On nous a traité de tous les noms parce que j’avais une affiche en faveur de Biden et Harris dans ma vitrine. J’étais obligé de l’enlevé. Je n’ai pas supporté cette pression. C’était terrible. On a donc essayé de nous tenir à l’écart. Mais c’est compliqué. Regardez : nous sommes pile en face du capitole. »
Comment se prépare-t-il à la manifestation de ce dimanche ? « On ferme. On ferme du dimanche jusqu’à mercredi inclus. Je ne veux exposer ni mes clients, ni mes employés au moindre risque. » Va-t-il barricader sa vitrine ? « Non. En revanche, j’ai installé une caméra de surveillance juste devant ma vitrine. Ainsi je peux suivre ce qui se passe. Et en cas de destructions, j’en aurai un enregistrement que je pourrai transférer à la police. Avec la reconnaissance faciale, elle trouvera le coupable. Notre capitale est si belle. J’espère qu’elle s’en sortira indemne ».
Des conjectures
Dans l’attente et la crainte de possibles violences, les habitants se perdent en conjectures. Cette jeune femme ne pense pas que les partisans de Donald Trump arriveront dès ce dimanche. «Je pense qu’ils attendront jusqu’au jour de l’investiture, dit-elle. Parce que personne ne s’y attend. Bon, nous voyons les mesures de sécurité qui seront en place à partir de ce dimanche, mais aussi lundi et mardi. Mais je suis sûre qu’ils tenteront un grand coup le jour de l’investiture. Harrisburg est petit et pourtant l’une des plus importantes capitales des États-Unis parce que nous sommes un État clé électoral. Donc presque tout ce qui se passe à Washington DC se passe aussi ici. Nous sommes très près. »
Mais contrairement à Washington, les gens d’Harrisburg habitent et travaillent juste à côté du capitole. Est-ce un problème de sécurité ? « Là-bas, vous voyez, les gens travaillent, et tous ces immeubles-là sont des logements. C’est insensé ! En effet, à Washington, le capitole est séparé des quartiers résidentiels. Ici, le capitole se trouve en plein milieu d’Harrisburg. Quand quelque chose arrive, ça ne concerne pas seulement le capitole mais chaque habitant », poursuit cette habitante.
Ce dimanche, les principaux axes routiers qui mènent vers la capitale de la Pennsylvanie seront fermés par les forces de l’ordre.
Rfi