Alors que l’administration fédérale américaine entre dans son 18e jour de paralysie partielle, Donald Trump s’est adressé à la nation pour la première fois depuis le Bureau ovale mardi soir pour plaider une nouvelle fois en faveur d’un mur à la frontière avec le Mexique. un discours posé, solennel, au ton grave.
Avec notre correspondante à Washington, Anne Corpet
« C’est une crise humanitaire croissante, une crise du cœur et de l’âme », a déclaré Donald Trump, mardi soir. Pour sa première allocution à la nation depuis le Bureau ovale, le président américain a choisi de jouer sur l’émotion.
Il a évoqué pêle-mêle le sort des enfants en proie aux réseaux de passeurs, les femmes victimes de violences, et s’est longuement attardé sur le fléau de la drogue qui affecte si douloureusement la société américaine. Et d’évoquer quelques atroces crimes commis récemment par des clandestins.
Une manière de dramatiser la situation, alors que le taux de criminalité sur lequel il a insisté, celui des clandestins sur le sol américain, est en réalité inférieur à celui des Américains de souche, par exemple.
Puis Donald Trump a plaidé pour la seule solution possible à ses yeux : la construction d’un mur. Il a de nouveau réclamé 5,7 milliards de dollars pour dresser une « barrière en acier plutôt qu’un mur en béton ».
Et le chef de l’Etat américain a lancé la charge contre l’opposition : « Les démocrates du Congrès ont refusé de reconnaître la crise et ont refusé de fournir à nos courageux agents à la frontière les outils dont ils ont désespérément besoin pour défendre nos familles et notre nation. »
« Le gouvernement fédéral est paralysé pour une seule raison , estime le président des Etats-Unis, parce que les démocrates refusent de financer la sécurité à la frontière », a-t-il expliqué.
Donald Trump a conclu son adresse présidentielle d’un grandiloquent « c’est un choix entre le bien et le mal, c’est un choix entre la justice et l’injustice. Quand j’ai prêté serment, j’ai juré de protéger mon pays et c’est ce que je ferai toujours, à la grâce de Dieu.
Trump prend les Américains en « otages »
Les dirigeants démocrates ont ensuite eu droit à un temps de parole égal sur les chaînes de télévision nationales. « Donald Trump a choisi la peur plutôt que les faits », a aussitôt riposté Nancy Pelosi, la nouvelle chef de la majorité démocrate à la Chambre des représentants.
Chuck Schumer, le dirigeant de l’opposition au Sénat, a prononcé les mêmes mots. Il a également dénoncé la « prise d’otages » de centaines de milliers de fonctionnaires contraints de rester chez eux du fait du «shutdown » qui paralyse partiellement le pays depuis 18 jours.
« Le président des Etats-Unis ayant échoué à faire payer par le Mexique son mur non nécessaire à la frontière, et incapable de convaincre le Congrès ou le peuple américain de régler la facture, a paralysé le gouvernement. La démocratie américaine ne fonctionne pas comme cela. On ne gouverne pas par des crises de colère », a asséné Chuck Schumer.
Il a appelé le président à rouvrir le gouvernement et à régler ensuite leurs différends sur la sécurité à la frontière, soulignant comme sa collègue que leur parti était également attaché à la sécurité à la frontière, mais qu’un mur n’apporterait pas de réponse satisfaisante.
Bref, le blocage reste complet, mais les négociations vont se poursuivre. « Cette situation pourrait être résolue en une réunion de 45 minutes », fait remarquer Donald Trump, qui a convoqué les dirigeants du Congrès ce mercredi à la Maison Blanche.
Rfi