L’audition de Mark Zuckerberg devant le Congrès américain s’est terminée ce mercredi 11 avril. Pendant deux jours, le patron de Facebook a été interrogé sur le scandale de l’exploitation des données personnelles des utilisateurs à des fins politiques ou commerciales, mais il a dû répondre aussi aux critiques sur la Birmanie : le réseau social est en effet accusé d’attiser la haine contre la minorité musulmane des Rohingyas, victimes d’un « nettoyage ethnique » selon l’ONU.
De notre correspondante en Birmanie,
En Birmanie, il est reproché à Facebook de manquer d’efficacité dans la surveillance des publications en ligne. Par exemple, en septembre dernier, une fausse rumeur a été diffusée, annonçant des attaques imminentes de bouddhistes et de musulmans. Les messages ont été signalés très rapidement, mais bloqués seulement quatre jours après. Or, d’après la société civile du pays, en 48 heures, une publication peut être partagée jusqu’à 30 000 fois, avec des audiences de plusieurs centaines de milliers de personnes.
L’autre reproche, c’est que Facebook se repose principalement sur ses utilisateurs et la société civile pour signaler les abus, d’autant que l’entreprise n’a pas de bureau en Birmanie. Ses interlocuteurs se trouvent donc à l’étranger, et manquent d’informations sur la situation du pays.
Réseau de communication privilégié
Facebook est extrêmement utilisé en Birmanie où on compte environ 27 millions d’utilisateurs pour 54 millions d’habitants. On dit qu’en Birmanie, Facebook, c’est internet, l’application est d’ailleurs préinstallée sur tous les téléphones. C’est le canal de communication privilégié, même par le gouvernement et l’armée. Le président y a annoncé sa démission par une courte déclaration en mars dernier par exemple. Et pour de nombreux Birmans, Facebook est leur unique source d’informations.
Le réseau social joue ainsi un grand rôle dans le pays ; en 2014 dans la ville de Mandalay, des émeutes entre musulmans et bouddhistes avaient pour origine une fausse rumeur relayée sur Facebook. Les violences avaient fait deux morts.
800 modérateurs nécessaires
Mark Zuckerberg a réagi à ces critiques sur la diffusion des discours de haine sur Facebook, il a promis de faire plus. Le patron de Facebook s’est engagé devant le Congrès à travailler pour bloquer en 24 heures les messages incitant à la haine. C’est déjà une obligation en Allemagne par exemple.
Face aux reproches de n’avoir personne qui parle le birman, Mark Zuckerberg a annoncé l’embauche de douzaines de relecteurs. Impossible de savoir combien de personnes font partie exactement de l’équipe de modération, mais ce nombre est en tout cas insuffisant selon la société civile. Elle rappelle qu’en Allemagne, il y en a 1 200 pour 40 millions d’utilisateurs, il en faudrait donc au moins 800 en Birmanie. Un pays d’ailleurs dans lequel parfois d’autres langues que le birman sont employées, selon les différents groupes ethniques.
rfi