Les représentants des églises, d’anciens procureurs américains et des élus de tous bords protestent contre le maintien d’enfants dans des centres d’accueil surpeuplés, loin de leurs parents. Mais la Maison Blanche ne fléchit pas. Donald Trump est allé rencontrer hier soir les élus républicains au Congrès, sans résultat tangible.
Avec notre correspondante à Washington, Anne Corpet
Le président américain campe sur sa ligne dure. Donald Trump a reconnu que la diffusion de ces images d’enfants séparés de leurs parents n’étaient pas bonnes sur le plan politique, mais il s’est montré inflexible : il ne veut régler cette question que dans le cadre d’un vaste projet de loi qui comprendrait le financement d’un mur à la frontière sud et des mesures de restriction à l’immigration légale.
Une approche contestée par quelques élus républicains et par la totalité des démocrates. « Il y a tant d’obstacles au passage d’une loi, le président pourrait régler cela d’un trait de plume, cela n’a aucun sens », a ainsi déclaré le chef de la minorité démocrate au Sénat.
Et c’est vrai que le processus législatif risque de prendre du temps, au minimum plusieurs jours pendant lesquels de nombreux enfants continueront d’être arrachés à leurs parents. Contre toute évidence, Donald Trump continue de faire porter la responsabilité de ces séparations familiales au parti de l’opposition.
Il l’a répété sur Twitter mardi, « les démocrates sont le problème ». « Ils se fichent de la criminalité et veulent que les immigrés illégaux déferlent et infestent le pays. »
« Infester », le verbe choque dans l’opinion. Il est habituellement réservé aux espèces animales nuisibles.
Ainsi, de plus en plus d’élus dont de hauts responsables du parti républicain se déclarent hostile à cette politique de tolérance zéro lancée fin avril par le ministre de la Justice. Douze sénateurs ont écrit à Jeff Sessions ce mardi pour lui demander de mettre un terme aux séparations familiales le temps qu’une loi soit votée.
Deux gouverneurs républicains ont aussi annoncé qu’ils refuseraient de déployer la garde nationale à la frontière tant que le problème ne serait pas résolu. Et six cents membres de l’Eglise méthodiste ont signé un communiqué dans lequel ils qualifient les séparations familiales de « maltraitance à l’encontre des enfants ».
La politique de Donald Trump est également mise en cause sur le plan légal : le gouverneur de New York a annoncé que son Etat allait attaquer l’administration fédérale pour violation des droits des enfants de migrants.
rfi