Après la loi pouvoir d’achat, le budget rectificatif a été voté la nuit dernière à l’Assemblée nationale. Si le Sénat doit encore approuver les deux textes, la mission parait accomplie pour le gouvernement. Mais les débats ont été houleux dans la nuit du 26 au 27 juillet et l’absence de majorité du camp présidentiel lui a valu plusieurs revers. La séquence des dix derniers jours offre en tous cas plusieurs enseignements sur le nouvel équilibre politique français.
Première leçon : même sans majorité absolue chez les députés, le gouvernement s’en sort. Certes, il y a eu quelques défaites par-ci par-là, sur les loyers en zone rurale par exemple, mais sur les gros dossiers où il aurait pu être mis en minorité, il a tout de même réussi à trouver des compromis.
Le meilleur exemple est sur le prix des carburants : adieu le système de chèques pour les gros rouleurs défendus par l’exécutif, qui s’est finalement aligné sur ce que souhaitaient les oppositions, à savoir une baisse du prix du litre à la pompe, tout en limitant la casse côté budget. Même chose sur le financement de l’augmentation des minimas sociaux et des fonctionnaires territoriaux pour les collectivités locales. Un point d’équilibre a été trouvé, satisfaisant tout le monde.
Le compromis donc… mais à géométrie variable. Le gouvernement a tracé des lignes rouges : pas question de discuter avec le Rassemblement national et la France insoumise, qui sont pourtant les deux principaux groupes d’opposition à l’Assemblée, jugés infréquentables.
RN et LFI, isolés politiquement ?
Les députés du camp présidentiel n’ont pas manqué de souligner l’échec de la France insoumise à faire passer des amendements et à empêcher le vote des projets de loi. C’était l’un des objectifs de l’exécutif : faire taire la mélodie entonnée notamment par Jean-Luc Mélenchon, selon laquelle l’union de la gauche était le vrai vainqueur des législatives et l’alliance présidentielle une minorité comme une autre à l’Assemblée.
Là-dessus, c’est plutôt réussi. En revanche, le camp Macron n’a pas réussi à faire imploser la Nupes malgré ses tentatives de séparer LFI des socialistes, écologistes et communiste : la première étant jugée infréquentable et les autres dignes d’être des interlocuteurs.
L’alliance présidentielle a également été mise en difficulté par la stratégie adoptée par le Rassemblement national : le parti de Marine Le Pen a décidé de jouer la carte de l’opposition responsable, votant notamment en faveur de la loi pouvoir d’achat et préférant jouer l’affrontement avec la gauche. Résultat, l’Assemblée a parfois semblé coupée en deux avec d’un côté la Nupes et de l’autre un attelage de mauvaise fortune avec les députés du camp présidentiel, le RN et les Républicains.
Les Républicains au centre du jeu
Car ce sont eux les faiseurs de loi. Cela a été particulièrement le cas pour le budget rectificatif voté la nuit dernière où ils ont offert la majorité au gouvernement. La plupart des compromis trouvés sont venus de leurs amendements et l’exécutif aimerait que cette lune de miel se poursuive.
Sauf que rien n’est acquis et les dirigeants de LR l’ont bien fait comprendre : pas question par exemple de négocier les futurs textes de loi avant leur arrivée dans l’hémicycle comme le voudrait le gouvernement, a dit le président du groupe à l’Assemblée Olivier Marleix. Les Républicains ne peuvent en effet pas se permettre de se diluer dans l’alliance présidentielle, sans quoi ils risqueraient de disparaître.
Mais les grands dossiers qui approchent sont tout de même propices à de nouveaux rapprochements : passage de l’âge de la retraite à 65 ans, durcissement de l’assurance chômage et conditionnement du revenu minimum. Des propositions qui comptent depuis longtemps parmi les priorités de la droite.